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Bloquons la construction Européenne [avant qu'il ne soit trop tard !]

Publié le 11 janvier 2008 par Nicolas J
Bloquons la construction Européenne [avant qu'il ne soit trop tard !]Encore un billet sur l’Europe. Désolé. Obligé… Mon dernier billet date d’au moins 36 heures et a fait l’objet d’une attaque en règle de socialistes du sud de Paris, dans un commentaire où ils critiquent mes positions…
Ils vont même jusqu’à me traiter de trotskiste ! Moi qui suis un pur libéral... sous réserve.
Ses messieurs dames, comme les dirigeants du Parti Socialiste oublient tout simplement de réfléchir au fond du dossier… Ils votent pour l’Europe parce qu’il est nécessaire de faire avance l’Europe, que c’est moderne, que les chefs l’ont dit, qu’ils ne veulent pas être nommé responsable de l’échec, … Ne leur jetons pas la pierre ! J’étais pareil en 2005… avant de tenir un blog politique qui m’oblige à réfléchir un minimum (raconter des conneries pour faire rire les copains nécessite malgré tout un peu de travail) et d’être plongé au cœur du processus Européen pour le boulot. J’y reviendrai.
Ces socialos Européens convaincus en oublient la base : il faut faire l’Europe pour construire une société plus juste, plus humaine, plus sociale, plus prospère, plus… mieux. Pas pour le plaisir de construire l'Europe.
Cela nécessite au moins deux choses qui feront ainsi l’objet des deux volets du billets : une Europe démocratique faite avec le peuple et du libéralisme avec les réserves dont je parlais.
Une Europe démocratique faite avec le peuple
Avant-hier matin, en faisant ma revue de blogs matinale, je découvrais sur le blog d’un copain un projet de directive Européenne relative au traitement (immonde) des immigrés. Il faut bien sûr lutter contre, mais la question n’est pas là. Combien de Français (ou d’Européens…) connaissent ce texte ? Soyons généreux : 1 sur 1000 ? Admettons qu’il soit adopté. Dans un, deux ou trois ans, les lois des différents états devront être adaptées pour en tenir compte. Ca fera l’objet de débat passionnés dans la presse… et on nous dira : « c’est imposé par l’Europe ».
Un deuxième exemple ? Bon ! D’accord. Depuis quelques temps, il y a sur les blogs et ailleurs des débats sur la privatisation de EDF et de GDF. Ces débats sont d’ailleurs en partie responsables de ma volte-face sur la construction Européenne. Parmi les arguments, on nous dit : « de toute manière, la privatisation est imposée par Bruxelles suite à la signature par Lionel Jospin » de je ne sais plus quel traité. Petit 1 : c’est faux (la directive portait sur l’ouverture des marchés pas la suppression des services publics ou la nécessité de privatiser). Petit 2 : on démantèle les services publics au nom de l’Europe.
Il faut que tout cela cesse ! Il faut que les débats aient lieu dans la presse, les bistros et les blogs avant que les « directives » soient adoptées, pas après ! Or, le nouveau traité ne change rien à ça. On nous dit : « il débloque l’Europe ». Non ! Il débloque la possibilité de faire passer des textes, pas l’acceptation de l’Europe.

Ségolène Royal disait pendant la campagne : « Il faut faire l’Europe par la preuve ». Les trolls de droite se foutaient pourtant bien de sa gueule… Mais elle avait bien raison. Imaginons – pure fiction – que George Bush soit Président des Etats-Unis et décide de faire la guerre en Irak. L’Angleterre souhaite l’accompagner et la France est contre. Quelle est la position de l’Europe ? En quoi le traité aidera-t-il à avoir une politique Européenne ? Quelle sera la position de l’Europe dans ce contexte ?
Nicolas Sarkozy parlait d’un « mini-traité ». On pouvait y croire, un truc simple, éclairant les processus de décision, renforçant la démocratie, … Il n’en est rien ! Le nouveau traité est pire que le précédent (encore moins compréhensible) et n’apporte rien.
Enfin, en introduction, je disais que j’étais « pour » en 2005 « avant d’être plongé au cœur du processus Européen pour le boulot ». Amis socialos Européens convaincus, réfléchissez bien à votre niveau de connaissance des processus démocratiques en Europe. Moi, par exemple, je bosse au siège d’une grande banque Française dans le domaine des moyens de paiement. Je sais donc pas mal de trucs sur l’Europe des paiements puisque j’ai en charge sa mise en œuvre pour la banque : que deviennent les virements Européens, les paiements par carte transfrontaliers ? Réfléchissez bien ! Connaissez-vous quelque chose sur le sujet et surtout quelles sont les instances de tutelle ? Quels rôles ont, respectivement, le Conseil, le Parlement et la Commission dans ce domaine ?
Je vais donner la réponse, ça ira plus vite : aucun. A part la Commission qui doit vérifier que les règles de concurrences sont bien respectées. On peut être pour, on peut être contre, la question n’est pas là. La question est que 99,9 % de la population ne le sait pas, de même que 95% des militants socialos qui ont voté pour, ce que vous utilisez pour justifier la position du Conseil National du PS ! Ca n’est pas un détail : il s’agit de savoir qui met œuvre la possibilité de payer en euros entre deux pays autrement qu’en espèces… Un peu le centre de la construction Européenne !
L'Europe ne sera jamais acceptée si on ne sait pas comment elle fonctionne !
Du libéralisme avec des réserves

J’aime bien me faire traiter de trotskiste… On sait bien que l’économie de marché est le seul système marche à peu près. Ce que nous voudrions, nous gauchiste, c’est que tout cela s’accompagne d’un « minimum » de justice sociale, d’une meilleure redistribution des richesses produites, …
Aucune des décisions prises jusqu’à alors au niveau Européen ne va dans ce sens (ce qui ne veut pas dire que la construction Européenne représente une régression). Tiens ! Je parlais à l’instant d’EDF et de GDF… Réfléchissez à la mise en concurrence. Prenons un exemple réel. Le gouvernement Jospin a procédé à la privatisation d’Air France. Il n’y avait pas le choix pour différentes raisons (on ne va pas interdire aux compagnies étrangères d’atterrir à Roissy !). Il n’empêche qu’il vaut mieux maintenant habiter Marseille ou Nice que Rodez ou Brest. La privatisation d’Air France (et surtout sa mise en concurrence) a créé un déséquilibre entre les citoyens… Un Parisien peut aller voir ses parents à Toulouse pour un week-end en avion mais n’a pas les moyens d’aller voir ses grands-parents à Limoge.
C’est à l’avenir qu’il faut réfléchir en analysant les conséquences de chaque décision (Air France est la première compagnie mondiale, la privatisation n’a pas été un échec). On vit dans une société où dans chacun des pays développés, quel que soit le taux de chômage, 20% de la population vit dans un état de précarité (temps partiels, contrats à la semaine, revenu dérisoire, …).
C’est un constat, pas une analyse politique ou une revendication.
Or, jusqu’à présent, TOUTES les décisions Européennes renforcent ce système. TOUTE la politique économique de l’Europe tourne autour de la concurrence au nom de la liberté. La concurrence arrive donc jusqu’au niveau de l’individu et le système fait que 20% de la population soit précaire pour que les autres ferment leur gueule.
Ca ne fait pas un projet Européen.
L’autre truc grave, dans le libéralisme, c’est que le système aboutit à une concentration du capital (que combattait d’ailleurs Ségolène Royal). Les entreprises se rachètent entre elles, se font racheter par des fonds spéculatifs, … Les seules entreprises qui restent indépendantes sont celles qui pratiquent la sous-traitance et sont manipulées par les grandes entreprises… qui finiront toutes par appartenir au même fond spéculatif… C’est inéluctable… si on n’y prend pas grave ! Un exemple ? D’accord. Il ne reste plus que deux constructeurs de gros avions dans le monde. Le jour où un prendra le large, il pourra racheter l’autre. Il n’y en aura plus qu’un seul, qui pourra pratiquer les tarifs qu’il souhaite, gagner plus de sous, … ce qui lui permettra de racheter un des deux seuls constructeurs automobiles qui restera en place.
Un jour, toute l’économie dépendra d’un seul et unique conseil d’administration. La démocratie sera finie.
En votant contre, on bloque le processus de construction Européen. Tant mieux. La construction Européenne pourra revenir plus tard, quand on aura réfléchi à ce qu’on veut. On ne va pas construire l’Europe par principe, mais pour avoir un beau projet de société pour les siècles à venir.

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