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Construction et développement durable

Publié le 23 novembre 2010 par Dedu

Dans la liste des biens "de première nécessité", dont nous avons l'usage tout au long de notre vie, il y a les bâtiments : pour le logement, pour le travail, pour les loisirs ... Dans notre société moderne, c'est aussi le lieu où nous passons le plus de temps, et où nous consommons.
D'où, l'importance donnée à cet objet dans les nombreux travaux touchant au développement durable en général et au changement climatique en particulier.

Or, il y a du "pain sur la planche", car plusieurs aspects, dans la construction, pose question :

  • La qualité énergétique des bâtiments,
  • La qualité de construction (durée de vie),
  • L'implantation du bâtiment,
  • L'usage du bâtiment et les usages.

De nombreuses difficultés viennent du manque de compétence (lié à un manque de formation/information) de la "maîtrise d'ouvrage" (les propriétaires). Le marché de la construction est avant tout un monde économique : les évolutions sont suscitées par la commande et l'objectif de réduction des coûts.
Les enjeux liés à l'amélioration du parc de logements sont d'autant plus forts que le Président de la République a souhaité faire de la France un pays de propriétaires.

La qualité énergétique

Après la seconde guerre mondiale et avant le premier choc pétrolier, le traitement énergétique du bâtiment, n'a pas été le principal soucis. La conséquence est l'existence d'un parc ancien très énergivore. Par la suite, la réglementation thermique (RT) a imposé des regles, mais sans moyens de contrôle/sanction, elle a peu été appliquée. Au point que la RT2005, actuellement en vigueur, ne serait appliquée correctement dans moins de 20% des constructions ! Y compris celles commandées par l'Etat.
Avec la loi Grenelle 2, outre les évolutions prévues (RT2012 puis RT2020 avec objectif de bâtiments à énergie positive), le changement majeur concerne le contrôle de l'application de la RT. C'est ce qui manquait à une réelle évolution de la qualité thermique des bâtiments dans le logement individuel en particulier.
Il reste cependant une difficulté, reconnue par l'ADEME : la différence entre le calcul théorique et la pratique. Il apparaît ainsi que l'amélioration de la qualité thermique peut induire de nouveaux usages, qui réduisent l'amélioration de la performance estimée.

Par ailleurs, l'objectif affiché de "bâtiment à énergie positive", s'il représente un enjeu pour la société, est médiatisé de manière quelque peu erronée. Si au final le bâtiment produit plus d'énergie qu'il n'en consomme, l'énergie consommée n'est pas forcément celle produite par le bâtiment. En particulier, les panneaux photovoltaïque, très "à la mode", ne produisent pas d'électricité pendant la nuit, au moment où on s'éclaire.
De plus, cette "course à la production d'énergie" se fait actuellement souvent au détriment de tout bon sens pratique et économique. Par exemple, dans le cas de l'énergie solaire, la production d'eau chaude sanitaire est d'un rendement nettement supérieur à celui de l'énergie électrique. Dans le même genre, le coût d'une "super isolation" peut parfois dépasser le coût d'un équipement de chauffage plus performant, y compris sur le plan environnemental.

La qualité de la construction

Nombreux sont ceux qui soulignent que dans notre société de consommation, de nombreux produits ont perdu en durée de vie ... Ce phénomène est dû à la fois à une démarche initiée par les producteurs afin de favoriser la rotation (et donc la consommation) des biens, et au fait que le consommateur ne cherche plus une qualité assurant une grande durée de vie, mais la nouveauté. Ce phénomène ne touche pas que les biens de "consommation courante" : il touche aussi le bâtiment. Ainsi, certains constructeurs (y compris les plus grands), cherchant à la fois à réduire leurs coûts et à satisfaire des besoins immédiats des clients, visent une durée de vie de dix à trente ans !
Si au moins un tel principe s'inscrivait dans le cadre d'une approche en "cycle de vie" (intégrant la démolition/déconstruction), cela pourrait se comprendre. Mais il n'en est rien. Dans de telles conditions, l'immobilier risque, d'ici quelques années, de représenter une charge encore plus significative sur le budget des ménages. Cela peut, par ricochet, induire des besoins en terme de soutien public à la rénovation (aides à la pierre) afin de réhabiliter les logements que les propriétaires ne seront plus en mesure de réparer par eux-mêmes !

Cependant, de manière perverse, cela peut avoir un impact positif en matière d'urbanisme. En effet, si les bâtiments se dégradent rapidement, cela favorise les actions de démolition/reconstruction et donc une rotation plus élevée du bâti. Dans les espaces urbains ce principe peut faciliter la mise en oeuvre de l'évolution des règles d'urbanisme.

L'implantation des bâtiments

Il ne s'agit pas là de traiter des espaces urbains évoqués ci-dessus, mais de la construction des maisons individuelles.
La demande très forte de maisons individuelles placées au milieu d’un terrain (si possible le plus vaste) soulève de nombreuses difficultés par rapport au développement durable :

  • Cela induit une privatisation de l’espace qui réduit d’autant la disponibilité d’espaces verts pour la collectivité.
  • Les maisons n’étant pas mitoyennes, cela induit de plus importantes pertes énergétiques en multipliant les surfaces d’échanges thermiques avec l’extérieur.
  • L’éloignement entre les maisons induits un accroissement significatif des réseaux (voirie, adduction en eau …) qui impliquent des coûts de création et d’entretien supplémentaires pour la collectivité.
  • La discontinuité du bâti fait aussi disparaitre le caractère de groupement construit des villages et bourgs de nos campagnes, et altère ainsi certaines caractéristiques de nos paysages qui nous sont chers.
  • Les coûts induits (directs et indirects) ne sont pas toujours bien appréciés par les propriétaires, notamment les familles les plus fragiles économiquement, ce qui induit des problèmes sociaux importants.

L'usage et les usages

Enfin, au-delà du sujet production/consommation en matière d'énergie, c'est l'ensemble des questions relatives à l'usage du bâti et des usages que nous en avons, qui a le plus d'impact en matière de développement durable.
Le premier exemple sera celui du besoin de surface. Avec toutes les séparations, et malgré les quelques reconfigurations, familiales, le besoin de surface explose : les deux parents souhaitent disposer de suffisamment de surface pour accueillir leurs enfants. Etant donné qu'en plus le besoin individuel est en augmentation, cela génére une croissance très rapide du besoin de surface, nettement supérieur à celui de la population. Cette situation ne serait pas problématique si le parc immobilier (et la rotation au sein du parc) permettait à chacun de pouvoir trouver "chaussure à son pied". Mais ce n'est pas le cas, ce qui génère une tension sur le marché, donc une hausse des prix ...
Le second sera celui de l'eau. De nombreuses campagnes médiatiques visent à réduire notre consommation en eau. C'est une nécessité car la disponibilité de cette ressource n'est pas aussi grande qu'on pourrait le croire, en particulier en qualité. Elles attirent notre attention sur des usages disproportionnés (bain au lieu de douches ...). Mais en aucun cas il n'est fait mention d'évolution de nos pratiques, issues des mouvements hygiénistes. Quel est l'impact d'une campagne de publicité pour le netoyage des mains pour éviter la propagation de la grippe en période hivernale ? Environ un demi metre cube d'eau par personne. Le troisième sera celui des ampoules basse consommation. En interdisant la vente des ampoules à filamment, la volonté était de toutes les remplacer par des ampoules à basse consommation. Toutefois cela pose deux problèmes. Tout d'abord leur impact environnemental est lourd. Ensuite, dans certains cas, les conditions d'usage ne sont pas optimales (période d'allumage de moins d'une minute), réduisant très fortement leur durée de vie. D'autres cas pourraient être traités comme le chauffage ...


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