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"Dans ses ondulations elle dérange mon coeur qui d'habitude est aussi tranquille qu'un miroir, et cela à cause des terribles événements qui s'annulent à l'intérieur de la lourde masse d'immobilité qu'elle présente.
La mer se précipite dans des cavités: celles des rochers, de l'esprit, du corps...Elle s'y engouffre, et en arrache les croissances tentaculaires de la mort.
Puis elle tire, du ciel, les rideaux, et se douche d'une incroyable luminosité.
Tout se passe entre la mer et moi, sans intermédiaire. il s'agit pour elle d'être à l'heure, toujours, devenant ainsi le temps par quoi nous mesurons nos limites.Elle a elle-même ses limites intérieures, ses falaises, ses côtes, mais elle est aussi infinie que la ligne d'horizon, qu'elle pousse au devant, et que de nombreux marins passèrent leur vie à atteindre, y aboutissant sans y aboutir."
Etel Adnan- "La mer"- extrait du recueil de Christiane Laïfaoui et Jean-Claude Rossignol: "Tisser les mots contre la nuit"- anthologie- Editions L'harmattan