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L'art de sanctionner sans punir

Publié le 23 novembre 2010 par Chroneric

La polémique qui a gravité autour des établissements de réinsertion scolaire (ERS) prouve bien qu'à un moment donné, la sanction pure et simple de l'éloignement et de la surveillance soutenue ne joue plus son rôle dissuasif parmi la jeunesse. De même que la chaise électrique ne fait en rien baisser la criminalité. La comparaison est un peu rude, je le conçois.

Enfermer et encadrer des jeunes perturbateurs sortis du droit chemin ne cible pas avec justesse le plus profond d'eux-mêmes, ne cible plus ce qui les ferait plier effectivement. Quelle attitude adopter quand vous avez en face de vous des jeunes dont le seul fait de casser, d'insulter, d'agresser, est pour eux un fait d'arme dont ils sont fiers de faire état devant leurs camarades ? Filmer avec son portable l'agression d'une personne, filmer son excès de vitesse ou même se faire interviewer à visage caché, prouve bien que la sanction pénale ou semi pénale n'a plus aucun effet. Plus on parle d'eux, plus ils sont contents. La médiatisation et les trophées sont les plus forts.

Alors, après un tel constat, comment faire ? Je vais prendre pour exemple, une situation que beaucoup de parents ont connu, connaissent ou connaîtront. Votre enfant a désobéi et n'est toujours pas couché à onze du soir car il écoute son lecteur MP3 caché sous sa couette. Au début, vous allez parler fort. Puis quand il recommence, vous en venez aux mains. Malheureusement, malgré les claques et les fessées, l'enfant va recommencer. Il se dit que si ça ne coûte que des pleurs, ce n'est pas cher payé. A un moment donné, la frappe, cette sanction pure et simple, n'a plus l'effet escompté. Il y a presque une notion de plaisir inconscient chez l'enfant à rechercher le conflit et la violence. Car la violence est son quotidien à l'école ou au journal télévisé. Il doit se dire que cela lui permet d'exister aux yeux de ses parents en particulier et de la société en général car à la télé on parle plus de ce qui fait mal que du reste.

Il faut donc frapper, si j'ose dire, là où ça fait mal. Et frapper là où ça fait mal, c'est interdire pendant une période plus ou moins courte ce qui fait "kiffer" votre enfant. Cela peut être la télévision, cela peut être la console de jeu, cela peut être la sortie. Cela peut être aussi lui faire faire des tâches domestiques qui ne le motivent aucunement. Ramasser les feuilles mortes dans le jardin, tondre la pelouse, passer l'aspirateur, récurer la salle de bain. Bref, ce qu'il faut avant tout, c'est éviter qu'il puisse se vanter et si possible lui faire honte. Quel effet cela ferait si vous racontiez à ces camarades qu'il a occupé sa soirée à passer la serpillière ? Par cet exemple concret, j'espère avoir bien fait comprendre ce que je voulais dire.

Enfermer un jeune dans un ERS ou un établissement quelconque spécialisé ne suffit plus. Pour quelques uns, oui, cela peut être une bonne méthode de réorientation pour repartir sur de bonnes bases, mais pour d'autres malheureusement, cela représente un exploit (dont la définition est différente selon si vous êtes le sanctionneur ou le sanctionné). Il y a risque de récidive. De même que finir par appliquer la même punition à plusieurs reprises sur la même personne signifie bien qu'il y a un problème, que la méthode n'est pas efficace.

Il faut donc transformer cet exploit en faute. C'est là le cœur du problème : le délinquant n'a plus l'impression de commettre des erreurs graves. Cela peut se traduire effectivement par du travail d'intérêt général, par une immersion totale dans un environnement inconnu loin de son quotidien (travail chez un agriculteur, travail humanitaire, ou l'armée pourquoi pas). J'irai même jusqu'à dire que si on faisait faire à ces jeunes des actions pour lesquelles ils seront fiers d'en avoir été les protagonistes, là ce serait gagné. Le but étant que les établissements de réinsertion scolaire ne se transforment pas en établissement de récidives semestrielles.


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