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Sarkozy et la presse : je t’aime moi non plus

Publié le 25 novembre 2010 par Hmoreigne

 Rien ne va plus entre la presse et le président. La rupture si chère à Nicolas Sarkozy a pris des allures de divorce dans un secteur où on ne l’attendait pas. Chouchou des médias lors de sa campagne de 2007 , Nicolas Sarkozy en est devenu aujourd’hui la tête de turc à quelques exceptions près. Incompréhensible revirement à moins qu’il ne s’agisse d’un réflexe de dignité d’une profession que le chef de l’État pensait pouvoir verrouiller par le biais des aides publiques, des nominations et de ses amis patrons de presse.

Il y a bien un avant et un après 2007. Comme si, l’accession au pouvoir de Sarkozy avait effacé les côtés séduisants du candidat. L’erreur aura sans doute été de jouer sur des ficelles décidément trop grosses en voulant imposer par le biais des patrons de presse une tonalité favorable au nouveau président de la république.

Les journalistes sont parfois comme des enfants, il suffit d’imposer une chose pour qu’ils fassent le contraire. Exiger de la presse, penser qu’elle est la botte du pouvoir parce qu’elle perçoit des aides publiques, a de toute évidence été une erreur stratégique fatale.

En mai 2008, une année seulement son élection, Nicolas Sarkozy furieux éructait devant un parterre de députés UMP : «Dans un pays où il n’y a plus d’opposition, la presse s’attribue la fonction d’opposition ». Dans la foulée, l’AFP se voyait accusé par le porte flingue de service, Frédéric Lefebvre, son « attitude engagée ».

Plutôt que de remettre en cause le style présidentiel, l’Élysée et sa cour ont préféré s’en prendre au thermomètre, pour l’accuser de déformer la réalité et de ne pas renvoyer une image fidèle aux actions menées par le pouvoir. Comme si, la propension de Nicolas Sarkozy à tenir avec assurance et conviction des propos approximatifs ou manifestement erronés devait être ignorée. Comme si on pouvait passer sous silence la multiplication des atteintes au socle républicain, des libertés publiques à la laïcité sans oublier l’affairisme.

Contrainte à un minimum d’objectivité, la presse s’est muée en empêcheur de mentir en rond quand l’opposition politique, engluée dans la recherche d’un leader, restait inaudible.

La tentative maladroite de reprise en main de l’audiovisuel public, par le recours à des copains ou des obligés du pouvoir n’a rien arrangé, entretenant un climat malsain de poutinisation. « La détestation du journalisme indépendant est la compagne naturelle du pouvoir personnel et de son esprit de cour » rappellait dernièrement Edwy Plenel.

La suite est sans surprise : méthode barbouzes, intimidations, mépris. Du vol d’ordinateurs aux écoutes sans oublier les procèdures judiciaires, le pouvoir ne se prive d’aucune méthode pour tenter de maîtriser les irrévérencieux trop bavards et curieux.

Pour autant, rien n’est définitif. Nicolas Sarkozy, mieux que quiconque, sait qu’il aura besoin des médias pour des présidentielles de 2012 qui s’annoncent difficiles. Le dressage repose sur l’alternance d’autorité et de calinothérapie. Que les journalistes se rassurent dans les mois qui viennent, l’exécutif devrait se montrer nettement plus prévenant à leur égard.

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