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Boulogne, Japon, la Marne, La Mecque… en vrac

Publié le 26 novembre 2010 par Arsobispo

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En ce moment, mes obsessions se percutent. Le Japon, la guerre de 14/18, les vieilles photographies, les voyages. Ce billet en est un reflet, un brouet probablement indigeste pour ceux qui ne partagent pas mes affinités. Mais l’actualité y est aussi pour quelque chose… Ainsi cette nouvelle exposition photographique…

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Le banquier Albert Kahn était un passionné de voyages et de photographies. Sa richesse lui permit de réaliser un tour du monde en 1908 et de collecter à cette occasion bon nombre de photographies réalisées notamment par son chauffeur, Albert Dutertre, qu’il avait formé à la technique de l’autochrome, un procédé de photographies en couleurs, dont le charme suranné a le mérite de restituer toute l’authenticité de l’époque, du moins telle que nous l’imaginons.

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Albert Kahn et la princesse Kitashirakawa

J’avais découvert Albert Kahn, il y a pas mal d’années en visitant son jardin, lieu intemporel de Paris, qui présente en quelque sorte un autre aspect de son désir de saisir toute la magnificence de notre monde. Tout autant que sa collection d’autochromes, son jardin est une retranscription de ce qu’il a pu admirer le long de ses voyages. Il avait été particulièrement subjugué par le Japon, à tel point que la partie de son jardin qui lui est consacré est une quasi parfaite reproduction sur les bords de la Seine d’un jardin japonais. Depuis cette époque, sa propriété de Boulogne est devenue un jardin public, au sein duquel, la maison a été transformée en un musée présentant actuellement une exposition des autochromes consacrés à l’empire japonais du début du siècle sous le titre, pas très original, il est vrai, de « Clichés japonais ». On peut y admirer ,non seulement les photographies saisies lors de son voyage en 1908, mais également celles que réalisèrent d’autres photographes quelques années plus tard lorsque Albert Kahn se lança dans un étonnant projet, saisir la beauté du monde, sous le titre « les archives de la Planète ». il avait en effet compris que le Monde évoluait et que bon nombre de peuples et de cultures allaient disparaître ou changer irrémédiablement du tout au tout. Il mandata alors quelques grands photographes de l’époque à courir le Monde afin d’en dresser un état des lieux. En ce sens, la collection Albert Kahn est aussi riche que celle de la Korrigane, qui vit 5 jeunes Français collecter des objets des peuples océaniens sur une goelette de 1934 à 1936 dont il faudra que je vous parle un de ses jours.

Un petit film présente très bien cette exposition, à voir sur le site vidéo des hauts de Seine. Il faut reconnaître d’ailleurs que le département 92 a fait très fort pour la présentation du musée avec d’autres vidéos consacrées à Albert Kahn, toute aussi interessantes. Dommage juste que Devedjian intervienne parfois.

Certains des photographes qu’employa Albert kahn sont devenus relativement célèbres, à juste titre d’ailleurs, l’exposition le prouve. Ainsi Stéphane Passet ou Roger Dumas. Cela dit, ils m’impressionnent beaucoup moins que Jules Gervais-Courtellemont.

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Ce photographe, injustement oublié,  s’est illustré en réalisant certaines des toutes premières photographies de La Mecque[1]. Bien que né près de paris, il avait passé toute sa jeunesse en Algérie. C’est sans doute là qu’il se passionne pour le monde musulman et africain. Cela se ressent d’ailleurs sur ses clichés - les tous premiers en couleurs - qu’il réalise pendant la « grande Guerre »[2]. On y constate que son sujet de prédilection concerne notamment les troupes coloniales de la  « force noire ».

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Il avait surtout l’âme d’un grand voyageur et surtout de « reporter » en ce sens qu’il désirait faire partager ses expériences à l’occasion de livres ou de conférences. C’est probablement par cet amour commun pour un Monde menacé qu’il se rapprocha de Pierre Loti, l’un de ses meilleurs amis dont il empruntait sans vergogne les textes. Une biographie de Jules Gervais-Courtellemont a été publiée par Guy courtellemont en 1994 aux Editions C. Lacour, Nîmes, sous le titre “Le pionnier photographe de Mahomet”. je ne sais pas si elle toujours disponible.

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[1] “Mon voyage à La Mecque” de Jules Gervais-Courtellemont a été publié par Hachette en 1896 et réédité en 1991 aux éditions Desclée de Brouwer, mais malheureusement envoyé au pilon, puisqu’il ne figure plus au catalogue !

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[2] « Le théâtre de l’invisible, la bataille de la Marne photographiée par Jules Gervais-Courtellemont », avec Emmanuelle Devos, Couleurs de la guerre, Monum/Editions du Patrimoine, février 2006.

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