La prestation du président de la République à la télévision a totalement éclipsé une information qui mérite pourtant d’être glosée : les commissions des Finances et des Affaires sociales de l’Assemblée nationale se sont prononcées pour le maintien de la publicité avant 20 heures sur la télévision.
Comme pour le remaniement, un seul commentaire s’impose: “Tout ça pour ça!”. Les députés ont estimé que cette réforme, pourtant voulue et impulsée par Sarkozy, était “incompatible avec la situation des finances publiques”. Et, pourtant, la commission Copé a travaillé des semaines et des mois pour mettre au point cette volonté présidentielle. Ici comme ailleurs, le mot “réforme, que Sarkozy et Fillon affectionnent, ne signifie pas avancée: il vaudrait mieux dire, s’agissant de l’audiovisuel public, “un pas en avant, deux en arrière”.
Mais, au fait, qu’a changé cette loi à nos programmes? Les récentes déclarations de M. Pfimlin donnent la réponse: rien. Pour lui, le service public doit s’adresser “au plus grand nombre possible”, façon contournée de dire que son but est “de faire le maximum d’audience”, comme toute chaîne privée. J’avoue que je ne comprends pas cet objectif. On nous avait dit que la suppression de la pub était la solution pour délier la télévision de service public de la contrainte de l’audimat. Alors… Ce n’était pas vrai?
Bien sûr, il ne s’agit pas de tourner le dos au public. Mais, enfin, comment peut-on revenir à une idée aussi passéiste des téléspectateurs, qui formeraient un public unique avec les mêmes gôuts, les mêmes aspirations, au même moment? Un responsable de la télévision publique disait il y a quelques années: “elle doit s’adresser à tous, mais pas forcément au même moment”. Voilà la sagesse. Tout le monde n’a pas envie de voir du foot, mais la liberté est de n’empêcher personne de le voir. Qu’il y ait une place aussi, à une heure convenable, pour ceux qui voudraient voir de la véritable création télévisuelle devrait être possible, selon le même principe. C’est d’autant plus facile que France Télévisions est un groupe, qui peut sans difficulté s’adresser en même temps à des publics différents… et pas au plus grand public possible sur une seule chaîne…
Hier soir, en pensant à tout cela, j’attendais le Soir 3. Je n’ai pas compté combien de temps s’était écouler entre son annonce et sa diffusion… Mais c’était long: programmes courts sponsorisés, bandes-annonces, météo sponsorisée, etc. On est retombé dans les tunnels que l’absence de publicité devait chasser…
Vraiment une réforme pour rien.
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