Mon sentier
Je me souviens de toi sentier
Qui me conduisait jeune écolier
De ma petite maisonnée
A l'école pendant six années
Tu m'accueillais quittant les rangs
Et le maître, je le laissais en plan
Tu commençais derrière « le pont »
Avec son grand talus en surplomb
Où passaient les trains vapeur
Qui déboulaient en grosse frayeur(1)
Mais en montant la loco crachait du noir
Ahanant comme un nègre à la foire(2)
Beau sentier bordé d'un ruisseau
Où je pataugeais les pieds dans l'eau
Venaient des maisons bombardées
Cicatrices de la guère passée
Ensuite la haie d'aubépine
Clôturant une prairie décline
Où paissaient de paisibles bovidés
Regardant les trains défiler
Fallait ensuite gravir une pente
Abrupte et sans main courante
Enfin, le plateau et son chemin cendré
Gare au chien du coin et ses crocs acérés
Puis venaient les perturbations
Le tram, les camions de charbon
Le charbonnage et sa belle fleur
Les cris résolus du conducteur(3)
A l'entrée du charbonnage, je regardais
Le garde avec son képi qui me lorgnait
Enfin, la maison, et tout doucement
Poussant la porte, je criais « Bonjour Maman » !
- Le train descendait un plan incliné à vive allure, provoquant un effet brutal qui effrayait
- A cette époque, sur la foire, les hommes se mesuraient avec des boxeurs noirs, fort sollicités.
- « conducteur dans le sens de contremaître »
Gramophone