Pourquoi écrire encore ?

Des millions de Français, publiés ou non, écrivent. La blogosphère en témoigne. La question du " Pourquoi écrire ? " est si galvaudée qu'elle ne mérite pas qu'on s'y attarde. En revanche, celle du " Pourquoi écrire encore ? " peut éclairer une partie du cheminement humain dans ses attachements voire ses nécessités. Laissons de côté les forçats de la littérature comme Balzac ou Simenon et les auteurs à grand tirage. Penchons-nous sur l'individu inconnu qui, ayant écrit, continue à le faire, sans chercher un éditeur, sans même recourir à la blogosphère. Cet individu-là ne rêve ni de gloire ni d'argent. C'est à peine s'il sollicite la reconnaissance de son entourage car il n'a pas de prétention littéraire. Cependant, il consacre des moments réguliers à l'écriture. Que peut bien signifier cet attachement ? Témoigne-t-il d'un désir singulier et conscient ? Ou s'agit-il d'une habitude qui ferait de l'acte d'écrire une gourmandise ordinaire ? La réponse pourrait nous être soufflée par les traces des premiers hommes. Elles donnaient à l'errance le corps de la fatigue et de la peur. Celui de l'espoir aussi. Et ils se reconnaissaient dans ces traces devenues corps, même si, sans cesse, leur mystère les obligeait à poursuivre la marche. Encore et encore. De l'attachement à la nécessité, c'est toujours ce que nous hantons qui nous pousse. Nous ne finirons jamais d'errer. Nous ne finirons jamais d'écrire.