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La femme blessée. L’autre soir, j’ai regardé avec...

Publié le 27 novembre 2010 par Mmepastel

La femme blessée.

L’autre soir, j’ai regardé avec beaucoup d’intérêt et d’émotion le documentaire pourtant lourdaud consacré à Annie Girardot (sur France 2, mardi). Mais même si la réalisation dudit documentaire manquait de finesse, le programme lui-même a eu le mérite de m’apprendre pas mal de choses que j’ignorais sur une actrice que j’aime beaucoup, et depuis longtemps, depuis l’enfance, grâce à ses rôles populaires notamment.

Ce qui apparaissait dans son parcours de vie (étroitement entrelacé avec sa carrière cinématographique pleine de hauts et de bas), c’était justement cette sensibilité à fleur de peau, le tempérament d’une femme écorchée vive. Du talent fou de sa jeunesse au sombre déclin de sa raison, en passant par une traversée du désert douloureuse, ce qui ressort, c’est la série des choix mauvais (non pas en eux-mêmes, qui suis-je pour juger ?) mais mauvais pour elle-même. Elle avait, comme d’autres femmes, la passion pour les mauvais garçons, les machos, les durs, les violents, les imprévisibles, que l’inconscient collectif d’une certaine époque confondait avec les seuls représentants de la virilité.

Alors évidemment, quand elle arrive en Italie sur le tournage de Rocco et ses frères, (variation pourtant tellement sublime et subtile sur la complexité des modèles de la masculinité,) elle tombe éperdument amoureuse de l’acteur Renato Salvatori, lequel se fond admirablement avec son personnage : Simone, frère violent mais faible de Rocco (Alain Delon, l’ange positif). Passion dévastatrice qui ne cessera jamais, malgré les ruptures, les violences et les trahisons.

Dans cette scène, ce qui est fascinant, c’est l’aspect prémonitoire (bien qu’exacerbé) des enjeux. Nadia, la prostituée, n’a pas le droit à une seconde chance dans la vie en s’essayant à l’amour tendre de Rocco ; elle est rattrapée par la jalousie et le désir de possession de Simone qui la violente devant son frère pour la salir à ses yeux.

Et dans la vie, comme Nadia qui se laisse poignarder dans une autre scène, les bras en croix, Annie Girardot offrira son destin à Salvatori qui se montrera pourtant piètre époux.

La femme blessée.
L’autre soir, j’ai regardé avec...

L’amour fou est alors pour elle un amour qui fait forcément mal. Beaucoup de choses se jouent pour elle à ce moment-là. Le choix de l’intensité, de la mise en danger, de l’oubli de soi. Des choix qui ne cesseront de se confirmer dans toute la suite de sa carrière chaotique. 

On se souvient tous je pense de ce soir de 1993 où elle était apparue, bouleversante, sur le plateau de la remise des César, pour recevoir une statuette, célébrée et recevant enfin un témoignage d’affection de la profession. Comme dans nombre de ses films, ce moment m’avait semblé presque insupportable tant elle y véhiculait une émotion violente. Pour moi, Annie Girardot, est un peu une actrice qui jouait trop bien, au sens de “trop pour être appréhendé”. Peut-être parce que, comme ce soir-là, elle ne jouait pas vraiment. Elle s’offrait, sans retenue, au spectateur, d’un bloc, sans faux-semblants. Une actrice douloureusement juste. 


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