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Si cruelle attente
Déchirure suprême
.
Si dur est cœur qui se déprend
De ce qu’il adulait hier
.
Si borgne le regard
De qui aimât
Et s’en détourne
*
Tu regardes
Atterré
Les ruines de ce qui fut
.
Jouets d’un destin
Funeste
.
Ce qui existe un jour
En fumée disparaît
Toujours
*
Pupilles ouvertes sur la marge de ce temps
Tu vois venir tendres corolles
Colchiques fragiles sous l’or des feuilles perdues
.
A la beauté tu n’oses opposer
Ce désert du sens
Derrière les hordes aveugles
.
Ermite solitaire
L’hiver te rapproche de l’ultime porte
Ouverte sur les pleurs et les indignes misères
.
Poète
Que serait ton pas
S’il ne se mêlait à la foule
Lisant aux traits tirés
La mémoire et l’exil
*
Ce qui est de ces jours envolés
Doux souvenirs aux pages amoncelés
Est mains ouvertes à l’accueil du désir
.
Chaque heure défie l’horloge
Tu lis dans le tourbillon noir
D’un café de circonstance
L’avenir qui se rétrécit
A chaque aube passée
*
De si loin me vient ton chant
O Esseulée
.
Ta rive à la mienne semblable
Et la mer qui nous sépare
.
Paroles mêlées
En gouttes de rosée
Puits et source
Où abreuver notre soif
.
Tant attendue en ma tour solitaire
Je te vois chevaucher l’orée de ce désert
Te voici déposant ton obole d’air pur
*
Je suis là
Vigie d’un temps éperdu
Mots dans la besace
Semant au sillon de l’aurore
.
Manosque, 28 octobre 2010
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