Magazine Humeur

France “bananière”

Publié le 29 novembre 2010 par Jlhuss

banane.1290966914.jpgToucherions-nous le fond ? Sans doute pas ; il n’y a pas de fond (sauf secret !) Les dernières révélations de Roland Dumas, en marge de l’enquête « Karachi » et des rétro commissions, sur les délibérations du Conseil Constitutionnel en 1995 au sujet des comptes de la campagne présidentielle sont ahurissantes. Elles plombent, si exactes, une institution faite pour contrôler le respect des Lois.

A l’époque Roland Dumas présidait l’institution et personne ne peut l’accuser d’être un homme de droite prêt à soutenir les candidats de ce côté de l’échiquier politique. Il est en plus avocat, homme de loi dans le civil et ne peut non plus être suspecté d’incapacité intellectuelle en la matière. Il dit clairement, par sa voix prépondérante de Président il a permis la validation des comptes de campagne de Balladur, parce que refusant ceux-là, il eut fallu aussi invalider Chirac ! L’affirmation est telle qu’il est urgent de confirmer ou d’infirmer.

cconstit.1291020185.jpg
Il apparaîtrait que les différents rapporteurs — les experts comptables et judiciaires du conseil constitutionnel — avaient tous conclu au rejet des comptes de campagne des deux frères ennemis, en raison de sommes importantes en espèces alimentant la colonne recette sans trouver une justification sérieuse. Edouard Balladur avait osé déclarer que les 11 millions de francs (de l’époque) versés en une seule fois provenaient de la vente de gadgets et de teeshirts ! Quant à Jacques Chirac, il dépassait lui aussi le plafond autorisé.

On notera au passage la relative discrétion de la presse sur le sujet, (pas Karachi bien sûr, le Conseil Constitutionnel) rien à voir en tous les cas avec les hurlements du « Vous êtes pédophiles … justifiez-vous  » de Lisbonne. En effet, il ne s’agit plus ici de gadgets pour gogos, mais des fondements de la République : la trouille s’empare des plus vindicatifs du sujet bidon

roland-dumas.1290968446.jpg
Roland Dumas se justifie en jouant à l’homme d’Etat. Il aurait caché les arguments des experts et des quatre opposants à l’approbation pour « respecter l’expression du suffrage universel des Français ». Peu importe si le vote a été obtenu au prix (c’est le cas de le dire) d’un dépassement du cadre légal. Dans le même temps le petit Jacques Cheminade avec ses 0,1% des voix se voient lui refuser ses petits comptes. 

Aujourd’hui l’homme qui présidait la plus haute instance de l’Etat se paye le scoop et demande la publication des débats du Conseil de l’époque : un repentir que beaucoup jugeront à juste titre tardif. L’actuel Président de la même instance, Jean-Louis Debré refuse bien sûr une telle publicité arguant de la Loi qui précise que ces délibérations ne sont pas rendues publiques avant 25 ans. Il ne s’agit pas là, pourtant, d’un secret défense justifié par l’intérêt du pays.

C’est grave, c’est très grave, beaucoup plus que l’affaire de Karachi en elle-même : ici carambouille ou pas, la justice le dira. En revanche que le Conseil Constitutionnel valide l’invalidable au nom d’une éthique d’ailleurs infondée et qui lui est propre, ne tenant pas compte du pourquoi il existe, est impardonnable. Que personne ici vienne tenter un distinguo entre une droite et une gauche, un centre, que sais-je encore, c’est un état d’esprit général dont il est question.

Il y a urgence absolue à décortiquer l’affaire, à publier les débats, à donner à réfléchir sur ces fameux comptes et à mettre dehors une fois pour toute ceux qui salissent ainsi la France, la ravalant au rang des pires « républiques bananières » L’hypocrisie atteint en effet des sommets inégalés. Soucieux pour calmer l’opinion de réglementer les recettes de campagne électorale, d’encadrer les dépense, le législateur stimulé par cette opinion publique se laisse aller à élaborer une Loi  (non applicable, elle ne devait pas être proposée), et les artisans de la démarche s’empressent ensuite de transgresser la nouvelle règle sans pour autant être sanctionnés par l’instance suprême chargée de veiller au respect de cette LOI : on ne peut guère faire pire en matière de “bananes”. C’est pourquoi il est impératif d’avoir une vision la plus complète possible de cette “supercherie supposée” du Conseil. Un gaulliste comme Jean-Louis Debré devrait tout mettre en oeuvre pour que les ambiguïtés soient levées. Si Roland Dumas c’est une fois de plus payé la tête de la presse avec une facétie d’avocat, nous devons le savoir et lui être sanctionné. Honnêtement je doute qu’il ait pris de tels risques, et faisant cette déclaration, il avait certainement l’assurance d’un filet de protection négocié.

Il est curieux enfin, d’enregistrer le peu d’émotions suscitées par cette révélation. En elle-même cette indifférence apparente est inquiétante pour notre peuple.Si, comme il le prétend, et je le crois, le Président de la République actuel n’a rien à voir avec ces affaires remontant à 15 ans, il devrait, lui le chantre de la rupture, tout mettre en oeuvre avec ténacité pour éclairer le jugement des Français et montrer qu’effectivement il ne mange pas de ces bananes là.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jlhuss 148 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines