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Comment croire en l'invisible ?

Publié le 30 novembre 2010 par Jeanjacques

Le débat sur la nature du plein ou du vide de l’espace est sans doute l'un des plus vieux de l’humanité. Il a été apparemment tranché par Einstein et l’expérience de Michelson et Morley qui avaient tenté de mesurer l’influence d’un « vent d’éther » relativement au mouvement de la Terre. C’est qu’on ne comprenait pas comment la transmission des ondes électromagnétiques à distance était possible et qu’il y fallait bien le support d’un milieu pour les véhiculer. Ainsi les partisans d’un espace plein étaient définitivement déboutés et ils devaient se faire une raison : l’espace était vide, il ne pouvait rien contenir.

C’est qu’une difficulté se présentait devant eux : comment saisir, mesurer l’insaisissable ? Pouvait-on faire une expérience en détachant un morceau d’espace, l’arracher à la continuité pour l’examiner à loisir ? C’est si vrai qu’il a fallu donner une réalité à ce contenu d’un contenant en l’espèce d’un corps fluide et très léger dénommé à juste titre « l’éther ». L’éther occupait, remplissait l’espace,  si bien que nous avions en quelque sorte deux objets occupant le même lieu, un contenant, l’espace et un contenu, l’éther. L’éther disparu, il ne restait donc plus qu’un contenant vide de contenu, simple lieu de positionnement des corps que l’on pouvait traiter et maltraiter sans retenue, l’étendre, l’étirer, y engouffrer toutes sortes de particules virtuelles, y voir une mer d’énergie négative etc…Cela ne mangeait plus de pain et le vide de l’espace était devenu une fille de joie dont chacun pouvait profiter à loisir.

La difficulté pour les adeptes d’un espace plein, c’est de démontrer que ce vide contient un "quelque chose" que l’invisible est visible, que l’immatériel est matériel, que l’impalpable est réel, bref cela s’apparente à prouver l’existence de Dieu par une de ses manifestations jamais manifeste. Il faut sans aucun doute une foi solide  pour croire en l’invisible. Il est en effet si évident de constater le vide du vide et que la croyance en l’au-dela de la matérialité mesurable suppose l’imprégnation chez l’adepte d’une pensée mystique qui l’éloigne du champ de la science.

Comment en effet croire en une réalité qui se donne comme irréelle, invisible et impalpable et qui pourtant existe partout puisque nous ne cessons de faire l’expérience de l’espace ? Le contenant en question ne se contiendrait-il pas lui-même de sorte que nous n’ayons pas à distinguer l’espace en tant que lieu de la mesure des distances d’une quelconque autre substance comme l’éther qui viendrait le remplir ? Ne doit-il pas être considéré comme plein de lui-même pour se donner comme espace « existant » ? Quelles seraient alors les propriétés de cette « substance » originale le constituant et qui seraient par définition tout à fait différentes de celles de la matière ? Quelles seraient enfin ses manifestations physiques par où il serait possible de la saisir, de la distinguer et de l’extraire de l’uniformité de l’espace ? Comment l’invisible peut-il devenir scientifiquement visible ?


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