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Où en est le green business aujourd’hui en France?

Publié le 30 novembre 2010 par Sequovia

Où en est le green business aujourd’hui en France?Si dans certains secteurs verts, les acteurs français connaissent un franc succès, l’hexagone rencontre bien des difficultés dans d’autres secteurs. C’est le cas notamment du solaire et de l’éolien, du fait d’une absence de fil conducteur dans la politique de l’Etat français. Le Grenelle 2 n’aurait pas réussi, pour de nombreux professionnels, à fixer un cadre réglementaire clair. De manière plus générale, l’industrialisation verte de la France prend du retard comparativement à nos voisins.

  • Malgré le lancement du Grenelle en grandes pompes, certaines filières peinent à se développer

Le Grenelle, lancé en 2007, promettait de faire émerger des filières françaises puissantes et compétitives. Certes, il a permis de booster considérablement le démarrage des filières vertes. Mais trois ans après, l’éolien, le solaire, la biomasse et la géothermie présentent des difficultés face à leurs concurrents européens, américains et chinois. Et les secteurs de l’automobile, des transports et du bâtiment n’ont pas encore réellement opérer leur virage industriel vert.

Le retard des énergies renouvelables : le rapport Charpin accuse
En 2003, la production  solaire était quasi nulle. En 2010, elle atteint une puissance cumulée de 600 mégawatts. De même, pour le solaire thermique dont la surface totale des panneaux posés a grimpé de 630 m² en 2000 à plus de 2000 m² en 2010. Ces deux secteurs bel et bien connu un développement. Mais le rapport Charpin (rapport de la mission confiée à l’Inspection Générale des Finances et au Conseil Général de l’Industrie, de l’Energie et des Technologies sur la régulation et le développement de la filière photovoltaïque en France) publié en septembre 2010 établit un bilan plutôt pessimiste car selon lui, malgré « l’ampleur des efforts financiers consentis pour le développement d’un marché domestique, la filière française du photovoltaïque n’a pas émergé », le rapport va plus loin en affirmant que le photovoltaïque représente un « péril financier », et reproche à la filière d’avoir creusé « le déficit de la balance commerciale » de 800 millions d’euros en 2009 puis de 400 millions pour les premiers mois de 2010. Toujours selon ce rapport, les emplois industriels français ne profiteraient que très peu de cette politique de soutien.

Les réactions des acteurs de l’éolien et du solaire français
Pour Enerplan, le diagnostic du rapport Charpin est biaisé. L’association rappelle qu’il faut 2 à 3 ans pour décider et construire une usine, et que le marché n’a véritablement démarré qu’il y a 2 à 3 ans seulement. L’Allemagne mène une politique continue de développement de son marché intérieur depuis plus de 15 ans.
 Pour Enerplan, le photovoltaïque ne représente pas un « péril financier » pour le pays, si l’on sait conduire avec ténacité et ambition, une politique industrielle solaire qui s’appuie sur sa vitrine nationale, sur la dynamique au sein des territoires, pour prospérer et gagner en compétitivité au niveau mondial. Souhaiter plus d’investissements industriels, reviendrait à ce que l’Etat arrête d’organiser les incertitudes et les atermoiements pour mener sa stratégie solaire nationale. En outre, cela faciliterait les synergies au sein des tissus économiques régionaux.

L’automobile verte traine les roues
Le secteur automobile rencontre le même type de problème. A savoir, de beaux engagements de développement mais de grandes difficultés d’application. Ainsi, le plan véhicules électriques lancé en octobre 2009 mise sur 2 millions de véhicules hybrides rechargeables et électriques à l’horizon 2020. L’ambition n’est pas à décriée mais encore faudrait-il mettre les moyens pour atteindre un tant soit peu les objectifs. Car, ce n’est pas la fabrication de véhicules propres en tant que telle qui dynamise le secteur, mais bien la prime à la casse, le bonus écologique et le plan de soutien aux constructeurs qui se chiffre en centaines de millions d’euros.

  • Un contexte qui ne facilite pas le développement de ces filières

En cause directe, « le problème de volonté politique », estime Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Ecologie, qui pense même que « le gouvernement a loupé le coche du Grenelle et de l’industrialisation verte ».  Dénoncés par les professionnels, les fréquents changements de règles intervenus sur les marchés domestiques du solaire ou de l’éolien seraient responsables de l’incapacité des entreprises françaises à s’organiser en une véritable filière industrielle. La décision de Nicolas Sarkozy, annoncée vendredi 26 novembre, de ne pas sélectionner la zone off shore au large de Noirmoutier pour l’installation de 600 éoliennes porte un nouveau coup dur à la filière, et cela malgré le soutien majoritaire des élus et des pêcheurs locaux. D’une puissance de 600 MW, il aurait permis de couvrir 70% des besoins en électricité de la Vendée. Nécessitant un investissement de 1.5 milliard d’euros, le parc aurait entrainé d’importantes retombées financières, non seulement pour la phase de construction, mais également pour son exploitation.
Par ailleurs, d’autres facteurs viennent s’ajouter et rendent encore plus difficile le déploiement de telles filières. Tout d’abord, le manque de main d’œuvre qualifiée et formée pour répondre à la demande, puis une mauvaise structure de ces filières qui perdent ainsi en compétitivité et un environnement administratif et juridique complexe qui rebute.

Le Medef propose, en toute logique, des pistes simples pour développer et proposer un cadre à ces nouvelles filières. Il s’agit d’élaborer des plates-formes de démonstration, des zones de développement dédiées, des pôles de recherche, de développer des filières de formation spécialisées et des solutions de financement innovantes.

  • Le président DD du Medef confiant pour l’avenir

Jean-Pierre Clamadieu Président de la Commission Développement durable du Medef et PDG de Rhodia, interviewé par La Tribune se veut confiant. Selon lui, si les secteurs de l’éolien et du solaire présentent d’indéniables difficultés, la France présente des atouts dans les filières de l’automobile électrique (notamment grâce à Renault), du ferroviaire (avec Alstom) et du « smart grid » ou compteur intelligent. Lafarge et Saint Gobain, quant à eux, ont réussi à s’imposer sur le marché du bâtiment écologique, d’après JP Clamadieu.
Et même si « la France n’est pas présente dans le solaire de première génération, certaines sociétés comme Rhodia ou Total ont investi dans des start-up de deuxième ou troisième génération. »

  • L’avis Sequovia

Sans une volonté politique de soutien à l’industrialisation verte, la France risque de cumuler encore plus de retard dans de tels domaines qui représentent pourtant l’avenir de l’économie, en tout cas nous l’espérons. La baisse des tarifs d’achats de l’électricité photovoltaïque annoncée ce matin dans le quotidien Les Echos ne va sûrement pas contribuer au développement du photovoltaïque déjà en difficulté. Probablement que le nucléaire présente bien plus d’intérêts économiques que les énergies renouvelables, au grand dam de Gaïa qui verra sûrement un jour sa conception partir en fumée du fait de l’irresponsabilité et de la cupidité des hommes.

Pour aller plus loin : fiches solution Energies renouvelables


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