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Y a comme un problème…

Publié le 01 décembre 2010 par Iconomie
Y a comme un problème…

Monétarisme ou Keynesianisme?

Jean Marc Vittori soulignait ce matin dans les Echos la faiblesse du ratio dette/PIB comme indicateur de la santé d’une économie et laissait penser, fort logiquement, qu’un ratio comparant un stock (une dette) -sans tenir compte de sa structure qui plus est – à un flux (production nationale) ne pouvait pas permettre aux investisseurs étrangers d’être confiants dans l’avenir des pays européens. Mr Vittori n’est pas le premier à dire cela; et nous avions déjà évoqué l’erreur de ce ratio et les dangers qui en découlent (ces fameux 3% de Maastricht qui ne veulent rien dire dès que la croissance passe sous les 5%); mais il semble mettre un voile sur un phénomène plus grave qui expliquerait sans doute aussi bien la méfiance actuelle des investisseurs: les politiques économiques européennes comme américaines sont en plein paradoxe et n’obéissent ni à la logique keynesienne (pourtant mise en avant par tous les partisans de la relance et du sauvetage des banques) ni à la logique monétariste friedmanienne (qui est le fondement des politiques de rigueur).

Keynes en son temps (jusqu’en 1936 dirons-nous puisqu’il admit son erreur en 1937… mais passons) expliquait déjà qu’une politique de relance ne pouvait fonctionner qu’en actionnant les deux leviers budgétaires et monétaires, ainsi il fallait des taux faibles (ce que l’on a) mais aussi des dépenses publiques fortes et orientées vers l’investissement (sic!). Or les hommes et femmes présents sur les marchés financiers aussi bien que sur ceux de l’immobilier et des biens et services n’ont pas accueilli la relance avec l’enthousiasme attendu, car ils ont anticipé que les dépenses d’aujourd’hui sont les impôts de demain. En bref, ils ont refusé d’être soumis à « l’illusion monétaire « de Keynes. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, la stagflation avait vu mourir les théories keynesiennes pour les mêmes raisons. Cependant, à la différence des actions menées lors des crises précédentes, les gouvernants s’entêtent dans une politique schizophrène: garder des taux bas pour favoriser les investissements et la consommation mais réduire toutes les dépenses publiques pour ne pas effrayer les marchés et éviter la faillite. Voilà une mixture au goût amer puisque la relance se voit amputée de son meilleur atout (l’effet multiplicateur) alors que la rigueur perdra de son effet en permettant aux investisseurs de se lancer dans les activités les plus risquées, faute de mieux dans une période aussi morose.

Le résultat sera donc inefficace peu importe le camp et la doctrine économique: peu de croissance donc peu d’emploi et en même temps de l’inflation (grâce aux taux faibles souhaités par les Etats endettés). Dès lors comment espérer autre chose que de la méfiance de la part des investisseurs, réel moteur de la croissance?

Rappelons une chose essentielle, les mécanismes économiques sont complexes car ils ont pour objets les individus, ce qui veut dire qu’une politique ne peut fonctionner que si elle est cohérente aux yeux de ces mêmes individus. Ainsi, le premier pas vers la reprise doit être de résoudre ce paradoxe dans la politique économique, Messieurs les politiciens, faites un choix, et faites le vite!



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