Magazine Journal intime

Des mérites de l’hibernation

Par Evainlondon

Je ne sais pas si ça vous fait le même effet, mais moi, j’ai l’impression que seule une minorité de mes neurones a survécu à l’attaque fatale du froid et de la neige. Les quelques survivants, congelés, semblent attendre tranquillement le retour du printemps pour reprendre du service.

Mais hiberner, serait-ce vraiment une si mauvaise idée ? Céder au délicieux appel de la couette – et remplir le quota apparemment décuplé de sommeil que vous réclame votre corps engourdi par le froid – peut vous permettre d’éviter un certain nombre d’écueils dus à une certaine hébétude. Ou, pour parler plus crûment, être complètement à côté de ses pompes à longueur de journée présente quelques dangers, tous expérimentés pour vous par Eva in London cette semaine (mais pas dans la même journée, faut pas pousser non plus) :

- Commencer la journée par des gémissements de biche blessée  ; quémandant non pas la clémence du chasseur pour qu’il la laisse en vie, mais celle du réveil pour qu’il vous laisse dormir, ne serait-ce que quelques minutes encore…

- … ayant péniblement réussi à vous lever et vous habiller, chercher longuement vos clés pour finir par les trouver sur la porte (tiens, c’est là qu’elles étaient la dernière fois aussi). Elles vous y ont donc attendu toute la nuit, sachant que tous les voisins passent devant votre rez-de-chaussée pour accéder à leur appartement : ou comment s’assurer de la probité de votre voisinage.

- Traverser la rue sans pirouette sur verglas, mais vous endormir sur l’épaule de votre octogénaire voisin de Tube / RER / bus / métro

- Légèrement gêné(e), lutter désespérément contre la gravité en orientant la tête de l’autre côté… pour vous cogner la tête de plus belle contre la vitre

- Enfin parvenu(e) au travail, vous rendre populaire en faisant toutes les tournées de thé de la journée (si vous travaillez en Angleterre) / bavasser autour de la machine à café (si vous travaillez en France), pour finir par être trop excitée pour vous atteler à ce fichier Excel à rendre pour… hier.

- Après avoir décoché votre sourire le plus hypocrite à votre chef (« Et ce fichier Excel super important, ça avance ? »), vous rendre compte que, dans la torpeur du petit matin, vous avez enfilé votre pull noir à l’envers et qu’une large étiquette blanche dépasse sur le côté, tel un drapeau proclamant haut et fort votre devise de la journée : « Je suis à l’ouest »

- Décidément en mal de productivité, envoyer un mail enjoué à une amie lui demandant si elle compte venir à la grande fête d’anniversaire surprise de votre pote d’enfance samedi prochain… pour vous voir répondre « Mais la fête a eu lieu samedi dernier, on était très déçus de ne pas t’y voir !? »

- Prétextant des soucis de transport, vous attirer l’ire de vos collègues qui vous voient partir à 17h01 (si vous travaillez à Londres) / 19h31 (si vous travaillez à Paris). Vous terminerez le fichier Excel ce soir, prenant soin de le renvoyer par mail le plus tard possible afin de montrer votre motivation sans bornes.

- Le manque de sommeil induisant chez vous des envies irrésistibles de gras et de sucre, décider en accord avec vous-même que le menu « velouté de châtaignes / moussaka surgelée / fromage / mousse au chocolat / bonbons Haribo » constitue la base d’un repas équilibré. Tellement équilibré, d’ailleurs, qu’un dîner « reste de velouté de châtaignes / reste de moussaka surgelée / reste de fromage / nouvelle mousse au chocolat / nouveau sachet de bonbons Haribo » s’impose pour le lendemain : gâcher, c’est mal.

Des mérites de l’hibernation

- Repu(e) mais incapable de la moindre concentration (surtout que votre estomac émet des bruits pour le moins inhabituels), vous abandonnez l’idée de terminer le fameux fichier Excel et errez virtuellement des heures sur Facebook à regarder des photos de gens que vous ne connaissez ni d’Eve, ni d’Adam (mais qui ont l’air d’avoir passé d’excellentes vacances en Thaïlande)

Après une nuit assez agitée (moins à cause de votre mauvaise conscience qu’à cause des douleurs qui vous tordent le ventre), vous prenez deux décisions stratégiques :

1. à long terme : renoncer pour de bon aux dîners à 3 500 calories

2. à très court terme : invoquer une inexplicable gastro-entérite pour passer la journée au lit – et, si vous avez le temps, terminer ce scrogneugneu de fichier Excel. Mais seulement si vous avez le temps : en hiver, rien ne vaut l’hibernation.


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