Juste un vide très très très blanc
qui repose
au creux de mes mains
près du tapage des couleurs
c’est tout ce que j’ai jamais eu
L'odeur de la neige
me picote le nez
frétillante…
Le temps adhère aux plaines.
Le froid sombre des nuits d’hiver :
immense paroi de granit
Les objets, soudain.
Et leur charge de silence.
Toute la force de leur silence. Posé.
Révélation : leur silence est un étui.
Un fourreau. Qui les gaine.
Il a coulé sur eux. A épousé leur forme. Oui, il les a nappés.
Aigre, il leur confère un supplément de présence.
Un supplément d’inscription dans le réel.
Mais aussi, un surplus de mystère, de distance.
Chaque objet.
Contraction d’intraitable silence.
Bloc d’Ailleurs soudain absolument étranger.
Île. Citadelle. Château fort. Oppidum.
Je m’affole. Parmi ces blocs d’acharnement.
Contours nets à hurler et tassements opaques.
La violence de leur inertie me saute aux yeux.
Oui – c’est comme une brutalité qui se plante…une froidure, une roidure de poignard.
Pourtant, tous ces objets-là, je les connais bien.
Qu’ont-ils ainsi à perdre leur côté banal ?
Chaque regard que je pose sur eux me revient comme une fin de non-recevoir, une grande gifle ; sous l’effet de ce boomerang reçu de plein fouet, je recule. On pourrait même presque dire que je chancelle.
Est-ce cela, la profondeur, l’étau du doute ?
Le nœud où la présence et l’absence confluent ?
Les choses me renvoient-elles à ma propre absence ?
Ou cherchent-elles à expulser mon intrusion ?
P.Laranco.