Alors qu’à notre époque en Europe, la constitution du couple procède la plupart du temps d’un choix personnel des conjoints, on constate que les couples qui se font sont de plus en plus nombreux à se défaire. Actuellement en région parisienne, la durée de vie des couples est de sept ans en moyenne.
Si bien qu’actuellement l’investissement affectif est considéré comme un ciment majeur du couple et si les déceptions surviennent, le couple se trouve très menacé.
Les attentes du couple
Il est important pour chaque conjoint d’avoir une vision claire des attentes personnelles projetées sur son couple. Quelles sont ces attentes ?
* Un état amoureux permanent ?
* Une sérénité permanente, l’absence de dissension ?
* Une vie sociale active, une réussite professionnelle, avec l’appui du conjoint ?
* Un lieu sécurisant pour les enfants ?
* Une harmonie familiale englobant les parents, les enfants, les petits enfants ?
* Une réussite financière ?
* Un partage de loisirs ?
* Une harmonie sexuelle ?
* Une guérison radicale de ses problèmes personnels ?
Tout bien pesé, l’on peut déjà se rendre compte que l’autre n’est pas entièrement responsable de nos échecs, ce qui en soit peut faire diminuer l’intensité du ressentiment et des reproches projetés sur le conjoint.
Evolution du couple
Deux stades d’évolution affective ont été décrits dans le couple.
1. Le premier stade est celui de l’état amoureux.
Quand l’autre n’est pas là, on est en manque ; on ne peut plus rien apprécier de ce qui nous entoure. Grâce à l’autre les soucis sont rendus supportables ou même sont oubliés et l’on pense que l’autre aura toujours ce pouvoir : nous rendre heureux malgré tout ce qui pourra arriver.
L’autre présente alors toutes les qualités pour être le support de cet amour idéal que l’on porte en soi. Si certains comportements de l’autre nous dérangent, on ne veut pas les voir, on les trouve sans importance ou on ne les remarquent même pas.
Ce premier stade est également appelé stade fusionnel.
2. Le deuxième stade est celui de l’attachement ou stade
institutionnel.
Les conjoints décident que leur relation va s’inscrire dans la durée. Ils établissent un contrat conjugal plus ou moins explicite comportant habituellement les décisions de vivre sous le même toit, avoir une sexualité partagée, s’apporter une aide mutuelle affective et financière, avoir des enfants.
A ce stade, l’autre apporte toujours un certain bonheur par sa présence, mais le sentiment de manque du stade fusionnel est moins fréquent, ou même disparaît. Ce n’est que l’absence qui le fait réapparaître.
La nostalgie de cet état fusionnel, qui a pu paraître merveilleux, entraîne parfois certaines personnes dans une telle frustration qu’elles pensent ne plus aimer leur conjoint. Il faut faire le deuil de cet état qui, par essence, n’est pas durable.
C’est à ce stade d’attachement, quand les difficultés quotidiennes surgissent, qu’il va devenir essentiel que chacun puisse exprimer à l’autre les attentes projetées sur le couple (voir les attentes du couple).
Chacun ressent le besoin de reprendre contact avec des champs d’action qui lui sont propres. L’acceptation de domaines partagés et non partagés, le bon équilibre entre les deux, sont nécessaires à la bonne entente conjugale.
Vivre sous le même toit implique un partage des rôles (ménage, obligations administratives, éducation des enfants, etc.). Si aucun des deux conjoints n’apprécie un rôle, ce rôle va-t-il être partagé, ou laissé à celui qui cède ? Et si les deux conjoints adorent un même rôle, va-t-il être partagé ou entièrement confisqué par l’un ?
Les enfants peuvent être une source de conflit. Quelles règles leur donner ? Quelles libertés, quelles contraintes ? Comment partager son temps entre son conjoint et ses enfants d’une part, et ses besoins d’être seul d’autre part ?
Pouvoir parler de ces attentes nécessite une bonne communication et le comportement, les modes de communication peuvent se révéler très différents: il va falloir s’adapter au mode de communication de l’autre.
A ce stade d’attachement s’élabore le contentieux conjugal, qui s’alimente aux frustrations et déceptions du couple. Ce contentieux va souvent s’exprimer inconsciemment dans le champ de la sexualité par une baisse du désir en particulier, des deux ou de l’un des conjoints.
Cette gestion de la mésentente conjugale peut bénéficier de l’aide d’un thérapeute.
Du temps pour découvrir l’autre
Le coup de foudre, l’état de manque, le sentiment fusionnel sont des expressions d’un état transitoire qui permet d’amorcer l’attachement.
C’est ce temps d’attachement, s’il s’inscrit dans la durée, qui va permettre de découvrir la différence de l’autre et d’aimer l’autre malgré sa différence ou mieux encore pour sa différence.