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Wikileaks, sed leaks

Publié le 03 décembre 2010 par Allo C'Est Fini
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Le sujet de la semaine, c’est bien évidemment l’affaire Wikileaks, les révélations (pas si) fracassantes livrées sur le site maintenu par Julien Assange. Au-delà du bien et du mal, cette histoire de notes diplomatiques révélées à la presse m’inspire quelques réflexions nocturnes.

Fichier:Julian Assange (Norway, March 2010).jpg

Le syndrome des crottes de dinosaure

Imaginez que vous êtes un homme préhistorique contemporain des dinosaures (ce qui n’a pas été le cas). Ramassez deux crottes de dinosaure toutes fraîches. Aucun intérêt. Projetez-vous maintenant en 2010, et soulevez ces deux mêmes crottes, conservées dans je ne sais quelle gangue de glace ou bien fossilisées. Vous détenez un trésor, un témoignage sur l’ADN de nos lointains ancêtres, peut-être même en déduiriez-vous de remarquables perspectives sur la marche de ces grands sauriens. C’est à peu près la même chose qui se passe avec ces notes diplomatiques. Les avis des uns et des autres sur l’appareil digestif de Nestor Kirchner, qui s’en soucie? Dans 10000 ans, peut-être, nos descendants en tireront-ils quelque chose sur les moeurs alimentaires des dirigeants du continent sud-américain.

Le goût du secret, le culte de la personnalité

La démocratie a cela de commun avec les autres formes de pouvoir, qu’elle attache une importance capitale au secret. Mais de quels secrets s’agit-il? Parle-t-on de rétro-commissions, de financements occultes, d’assassinats ciblés? Pas le moins du monde, on y parle de petits arrangements entre états plus ou moins démocratiques, arrangements censés ne pas être divulgués au grand public, pour ne pas entamer le capital sympathie d’une poignée de dirigeants et de leurs administrations. La société du spectacle ne permet qu’un seul type de spectacle, finalement, et ne laisse guère de place aux intrigues révélées. C’est assez pathétique au final.

Mais qui se soucie des signaux faibles?

Le point le plus important, dans cette affaire, c’est d’identifier l’origine des documents publiés. Julien Assange n’est pas un hacker, il ne s’est pas introduit dans des serveurs ultra sécurisés pour commettre son « crime »: on lui a tout simplement fourni ces documents. Qui est ce « on »? Des rouages du système, lassés de servir de rouage pour une mascarade politique ou diplomatique. C’est ce point là qu’il me semble crucial de décoder. Nos démocraties se sont tellement éloignées de l’idéal républicain du 19e siècle, que le système commence  à se désagréger petit à petit, tels les boutons d’une vareuse qui serait trop serrée. On sait ou mènent de tels chemins: au mieux à une révolution, au pire au totalitarisme.

Une riposte écoeurante

La riposte des administrations bafouées est passablement écoeurante. Des attaques en déni de service (on sait maintenant que les hackers ne sont pas si libertaires que cela…) jusqu’à son lâchage par Amazon (une entreprise américaine reste une entreprise américaine…), Assange va avoir de plus en plus de mal à conserver un endroit où stocker ses documents. Et si la solution n’était pas tout simplement de les déverser dans un de ces réseaux peer to peer, où on ne sait plus très bien qui possède quoi, mais où tout est accessible in fine?

Je n’entends pas défendre Assange, qui sait pertinemment quels risques il prend en publiant ces secrets d’état. Mais ce qui me choque, c’est la violence et les moyens mis en oeuvre pour qu’il se taise. J’aurais attendu, de la part des démocraties concernées, qu’elles mettent autant de vigueur à dénoncer les maux qui nous rongent, et qui se nomment corruption, violence, pauvreté, inégalités. Décidément, ce 21e siècle est bien mal parti.


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