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luna sweet

Publié le 11 janvier 2008 par Fred Desbordes

Posté par fdesbordes dans : ecrits (quand j'ai de l'inspiration),sea sex and sun , trackback

luna sweet

Ils ont trop bu cette nuit. Ils marchent en titubant dans la ruelle mal éclairée. Ils rient. Ils s'effondrent les uns sur les autre en se jouant de leur ébriété.

Les talons claques sur le bitume de la chaussée et les manteaux peinent à réchauffer.

Les souffles courts mais légers, embués par le froid, ils s'efforcent d'aller aussi droit et aussi loin qu'il leur est possible. Les doigts s'attachent, unis tous les trois par le hasard ou presque, soudés par ces quelques verres vidés et ces parties de billard enfumées et maladroites.

Bientôt le petit matin. La ville dort encore, à l'ombre des vieux lampadaires. Ils s'arrêtent, ils n'en peuvent plus. Marcher où ? Dans quel but ? Alors que l'aurore sera bientôt à eux, spectateurs involontaires d'un ciel qui s'éveillera.

Le jeune homme dégaine une cigarette de sa veste, tour de passe-passe improbable et troublé, pendant que les deux jeunes femmes enlèvent ces talons qui leurs mâchent les chevilles. Elles le regardent allumer sa benson au ralenti. Elles frissonnent, s'appuient contre le mur délabré et se serrent l'une contre l'autre; joues contre joues, les mains enlacées, les yeux dans le vide, écoutant le faux silence de la ville.

Alors il leur fait face et sourit. Sans rien se dire elles ont compris.

Cette nuit est une parenthèse où tout est permis, où demain sera un autre jour commun, tout comme l'après demain, puis une semaine, des mois et des années qui passeront ainsi. Une vie sans rêve, une vie foutaise sous contrôle et sans excès.

Alors elles s'embrassent parce qu'il leur reste encore cette liberté, celle de vivre entièrement et de balayer d'un coup de rein le quand-dira-t'on, le train-train des lendemains qui chantent toujours le même refrain.

Elles s'agrippent; cheveux emmêlés, soif de s'aimer, le sexe transgresse, les baisers ravageurs et les caresses tout en lenteur. Alors elles l'invitent à entrer, lui, le jeune homme à la cigarette qui les observe, dans ce ballet d'amants improvisé, sous la lumière d'une lune consentante.


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