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On ne lit pas qu’avec nos yeux et nos cerveaux

Publié le 04 décembre 2010 par Claire Romanet

Encore une fois, le blog de La Feuille (qui maintenant fait partie des blogs du Monde.fr) nous livre une réflexion passionnante à partir d’une étude montrant que le Botox (vous savez, les injections anti-rides si à la mode) perturbe nos émotions et nos cognitions !

David Havas, Chercheur à l’université du Wisconsin, et ses collègues ont injecté du botox à des jeunes femmes dans certains muscles du front où se forment les rides, mais qui servent aussi à exprimer des émotions négatives comme la tristesse ou la colère. Ils leur ont fait lire des textes suscitant des émotions négatives, et ont constaté qu’elles mettaient plus de temps à comprendre le sens des phrases. En outre, elles comprenaient entre cinq et dix pour cent de phrases en moins.

Cette expérience montre que les mouvements des muscles du visage servant à exprimer une émotion sont une aide pour identifier l’émotion correspondante, parce qu’on la reproduit de façon imperceptible. Des expériences d’imagerie cérébrale avaient déjà montré que l’injection de botox réduit l’activité de certaines zones du cerveau impliquées dans la perception des émotions, telles que l’amygdale cérébrale ou le cortex orbitofrontal.

Selon les zones du visage où est réalisée l’injection, la compréhension des émotions décrites dans un texte est différemment altérée. Si le muscle facial ciblé est le muscle corrugateur du front, la compréhension des émotions négatives sera altérée ; si l’injection est réalisée autour de la bouche, les émotions positives risquent d’être moins bien perçues. Le botox donne un visage plus lisse, mais aussi une lecture sans relief.”

Ce qui est intéressant dans cette expérience, c’est qu’elle montre que la lecture n’est pas qu’une fonction intellectuelle. Elle engage notre corps tout entier. Nous ne sommes pas de purs cerveaux. Notre compréhension est également fonction de notre corporalité. L’expression de nos émotions nous aident à les comprendre.
Des résultats qui confirment l’hypothèse de la cognition incarnée, explique Arthur Glenberg, professeur de psychologie à l’université d’Etat de l’Arizona : “L’idée de la cognition incarnée, c’est que tous les nos processus cognitifs, même ceux qui ont été considérés comme très abstraits, sont réellement enracinées dans des processus corporels de base de la perception, de l’action et de l’émotion.”

Si retenir nos émotions nous empêche en partie de comprendre ce que nous lisons, on pourrait presque en déduire que la lecture silencieuse et inexpressive telle qu’on nous apprend à la pratiquer est en fait contre-intuitive. Il va être temps de donner des cours de lecture performance à tout un chacun !


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