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La suppression des départements ? Une pierre blanche dans le jardin de Nicolas Sarkozy !

Publié le 14 janvier 2008 par Christophe Laurent
Tout le monde en parle, tout le monde y pense : pourquoi pas supprimer les départements ? Cette proposition aussi singulière soit-elle constitue-t-elle vraiment une surprise alors que l’un des thèmes de campagne fort de Nicolas Sarkozy a été la volonté de conduire une réforme des institutions ? Aujourd’hui, lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, François Fillon, gardien du temple en l’absence du président de la République, a démenti catégoriquement : « la réforme qui consisterait à supprimer le département n'était ‘pas d'actualité’ ». Il est même allé plus loin, de peur de ne pas suffisamment rassurer son camp politique « la suppression du département, ou en tout cas le débat autour des structures locales, ça passe soit par un débat à l'occasion de l'élection présidentielle et de l'élection législative, soit par un référendum ».       Nous (enfin, surtout tous les élus locaux concernés) voilà rassurés, non seulement cette réforme n’est pas d’actualité mais qui plus si par malheur cela devait être le cas il faudrait un référendum national sur le sujet au motif que Nicolas Sarkozy n’a jamais évoqué cette perspective pendant sa campagne. Ouf ! Heureusement que nous sommes en démocratie.       On nous prive d’un référendum sur le traité européen au prétexte que le « non » risquerait encore une fois de l’emporter contre le « oui » [je tiens à préciser, pour ceux qui ignoreraient ma position à ce sujet, que je suis un européen, peut-être naïf, mais convaincu. Je n’ai rien contre l’idée d’un référendum sur le sujet, seulement il faut bien reconnaître que les responsables politiques français ont une sale manie : se servir de l’Europe comme bouc émissaire, comme cache-misère de leur incompétence, mais bon c’est là un autre sujet …], mais pour sûr nous aurions un référendum sur la suppression des départements.       Pourquoi une telle annonce ?       Parce que, outre le fait que le référendum constitue une procédure lourde à mettre en place [histoire de rassurer les copains politiques qui craignent que ce thème ne deviennent populaire à quelques semaines des élections municipales, et tout ce qui est populaire, le président aime çà, n’est-ce pas ?], cette idée n’est pas nouvelle. Souvenez-vous : « Lorsque Jean-Pierre Raffarin annonce son grand chantier de refonte de la décentralisation en 2002, le sort du département semble définitivement réglé : il ne disparaîtra pas, mais il va devenir une collectivité territoriale de second rang ». Il est vrai que « deux ans plus tard, le bilan se révèle (…) plutôt positif pour les départements. » (Source : Faut-il supprimer le département ? Entre région et commune, quelle place pour le département ? Gage d’égalité territoriale ou archaïsme géopolitique ?) Déjà sous le Général De Gaulle …       Mais alors ? Pourquoi aujourd’hui autant de bruit sur un sujet finalement éculé, juste bon pour les sujets de sciences politiques ? Est-ce parce Jacques Attali, missionné par Nicolas Sarkozy afin d’explorer les pistes capables de relancer la croissance [dont on attend le rapport pour le 23 février uniquement] ? (Voir article sur l’Express) Lorsque j’ai entendu cette fausse bonne nouvelle idée relancée par l’ancien sherpa de François Mitterrand, je me suis dit « tiens, voilà une jolie pierre blanche dans le jardin de Nicolas Sarkozy ! » En effet, ne s’agissait-il pas là pour Jacques Attali, en fin stratège qu’il est, de lui renvoyer le cadeau empoisonné de l’ouverture ? Seulement, si cela n’avait été que cela, il faut être persuadé que malgré tout l’art de Jacques Attali, cette idée impensable n’aurait pas franchi le seuil des médias.       Mais voilà, là où cette banderille peut faire mal au chef de l’Etat, ou à sa majorité, c’est que l’idée est aussi acquise chez certains membres de l’UMP. Jean-François Mancel et Jérôme Bignon tous deux députés de Picardie, vont prochainement déposé prochainement une proposition de loi visant à «fusionner régions et départements». Et contrairement à la position du Premier ministre, ceux-ci prétendent que « cette réforme pourrait être mise en oeuvre rapidement puisqu'il suffirait de reporter d'un an les élections régionales de 2010 et de l'appliquer avec les élections cantonales prévues en 2011 » (Source : Le Parisien).       La suppression des départements soutenue par sa majorité : là voilà la pierre blanche dans le jardin de Nicolas Sarkozy !

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