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Chandernagor

Publié le 04 décembre 2010 par Olivia1972

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Vous aviez bien deviné que l’auteur des paroles de la chanson était Guy Béart mais vous avez eu du mal à trouver la raison pour laquelle nous publiions ces paroles.

Et rien à voir avec la visite du Président Sarkozy accompagné de Carla (il a fait convier des représentants de la communauté française à une cérémonie du souvenir –des attentats de novembre 2008- à l’hôtel Oberoi, mais nous ne pourrons y assister). Non, nous sommes à Kolkata pour des raisons professionnelles et sommes allés aujourd’hui à Chandernagor, à deux heures de voiture d’ici. Et donc voilà cet article consacré à Chandernagor.

Tout d’abord tordons le cou à notre pourtant bien estimé Guide de l’Inde (Hachette) qui sur ses 600 pages de doctes informations ne consacre que 12 lignes à Chandernagor et pendons haut et cour le Guide du Routard qui affirme que la ville ne vaut pas le détour.

Chandernagor, un de nos anciens Comptoirs, vaut le détour et tout d’abord un petit rappel historique.

Avant les Français, Chandernagor, situé aux bords de la rivière Hoogly (la branche occidentale du Gange que les géographes préfèrent appeler un défluent…) n’existait pas. Tout commence en 1674 avec le sieur Duplessis que la Compagnie Françaises des Indes Orientales envoie pour acheter un terrain de 20 arpents. Puis en 1688 c’est le gouverneur de Pondichéry, François Martin, qui fonde la ville. On passe sur les Hollandais qui nous font des misères, puis en 1698 la ville se développe et devient le principal centre commercial des Comptoirs. En 1697 on y

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construit le fameux Fort d’Orléans qui sera détruit par la suite par les Anglais. En 1731, Dupleix, depuis Pondichéry, est administrateur des colonies et développe la ville. Dupleix est révoqué (hélas !) par le plus stupide des ministres de Louis XV, et trois ans plus tard les Anglais prennent la ville.

Aux termes du traité de Versailles, signé en 1783, la France ne conserve plus que les cinq comptoirs dont Chandernagor. Les comptoirs revinrent cependant à la France grâce à l'activité diplom

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atique déployée par Talleyrand lors du congrès de Vienne.

À l'occasion d'un référendum organisé le 19 juin 1949, la population de Chandernagor se prononce en faveur du rattachement de la ville à l'Inde, qui prend en charge l'administration du territoire dès le 2 mai 1950. Toutefois, cette situation ne sera officiellement entérinée que deux ans plus tard, en application du Traité de cession signé à Paris le 2 février 1951 et entré en vigueur le 9 juin 1952.

Bref Chandernagor a été pendant près de 250 ans une ville française administrée par la France.

Notre voyage n’a pas été simple. Si la ville n’est située qu’à une trentaine de km de Kolkata, il nous aura fallu deux heures pour la rejoindre. La voie étant encombrée de camions de toutes sortes et notre chauffeur bengali ne connaissant ni la route ni la destination. De plus, le ministre indien des Finances devait arriver dans les parages et une partie de la ville était interdite à la circulation.

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Nous découvrons tout d’abord l’Eglise du Sacré-Cœur mais elle est fermée et impossible de rentrer à l’intérieur.

Un peu plus loin se trouve le palais du Gouverneur dans lequel le directeur du Comptoir séjournait et dans lequel Dupleix logeait lorsqu’il venait à Chandernagor. Ce bâtiment a été restauré magnifiquement et abrite une bibliothèque comprenant 18.000 ouvrages ainsi qu’un musée. Pas de chance, le palais est fermé le samedi. Mais la bonne fortune nous sourit et quelques paroles échangées avec un professeur de français nous ouvrent les grilles du Palais.

Nous visitons avec beaucoup de joie et d’émotion le musée qui conserve beaucoup de documents de l’administration française. Ce Palais est vraiment classe et fait face au Gange (au Hoogly) dont les quais sont ornés de bancs à la française.

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Notre ami professeur de français (que nous invitons à lire notre blog) nous donne un bon conseil lorsque nous partons ; allez voir le cimetière français !

Ce moment passé au cimetière est émouvant ; émotion triste du fait de l’état d’abandon de ces tombes. Pourquoi la République ne fait-elle rien ? La lecture des pierres tombales nous remplit de noms français, de ceux et celles qui ont vécu ici. Hélas, des pierres ont été volées.

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Puis nous apercevons une femme qui écrit soigneusement sur un cahier. C’est le genre de rencontres auxquelles on ne s’attend pas et qui est fort à propos. Cette femme française, normalienne, vit au Bengale depuis longtemps et fait pour le compte de l’Association des Comptoirs le relevé des noms inscrits sur les tombes. Plus que cela, elle dessine le plan du cimetière et l’emplacement de chaque tombe. Un projet de réhabilitation du cimetière semble exister et il faudra faire appel à des fonds privés pour nettoyer et arranger ce cimetière ; louable initiative qui sortira peut-être nos défunts concitoyens de l’état d’indigence dans lequel l’oubli et le vandalisme les ont placés. Ainsi après la mort, il y a peut-être une autre vie !

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Voilà, vous en savez, comme nous, un peu plus sur Chandernagor. Si vos pas vous mènent à Kolkata, consacrez une journée à cette visite, cela vaut le coup.

Pour terminer, une photo du carrousel situé en face du Palais avec ses bancs à la française, et le détail de l'inscription qui figure en haut et qui montre que les noms français se sont métissés.

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