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Craintes sur la croissance en 2011

Publié le 04 décembre 2010 par Boursomax
Gaëlle Copienne : Il est difficile de comprendre la situation en Europe, en dépit de la crise de la dette, la croissance a été forte au printemps, et ce sont les Etats-Unis qui s'apprêtent à mettre en œuvre de nouvelles mesures de soutien monétaire, qu'en est-il exactement ?
Philippe d'Arvisenet : Effectivement, nous attendions une croissance confortable au 2ème trimestre, mais comme on l'a vu, elle a été beaucoup mieux que cela. Ca a été une bonne surprise, c'est vrai pour la zone euro, c'est vrai également pour l'Angleterre, puisque la croissance au 3ème trimestre cette fois-ci a été de 0,8 après 1,2 le trimestre précédent. On a 6 mois de suite un rythme que l'on n'a pas vu depuis des décennies, ce qui est extraordinaire dans le contexte actuel. En ce qui concerne la suite, quand on regarde les indicateurs avancés tels que les résultats de l'enquête auprès des directeurs d'achat dans la zone euro, ou l'Ifo, le fameux institut de Munich en Allemagne, on s'aperçoit qu'on peut s'attendre à une croissance très confortable encore au 3ème trimestre, de l'ordre de 0,5 point au minimum. Et les statistiques qui sont sorties pour le mois d'octobre nous disent que la croissance est en ralentissement par rapport au printemps dernier, mais qu'on est encore largement dans le positif puisqu'on a des PMI supérieures à 50 qui marquent la séparation entre contraction et expansion. Cela étant, bien entendu, derrière tout cela il y a des divergences entre pays, avec les pays périphériques de l'Europe qui ont commencé leur consolidation budgétaire avant les autres. qui sont à 0, très négatif, comme c'est le cas de la Grèce. Mais les autres, les grands pays, Allemagne, France, etc. se lancent eux aussi l'année prochaine dans la consolidation budgétaire.
Gaëlle Copienne : La vigueur de l'euro est également une autre source d'inquiétude, à quoi est-ce dû ?
Philippe d'Arvisenet : La vigueur de l'euro, je dirais, deux éléments qui peuvent se recouper. Le premier élément c'est une certaine déception qui est née de la réalisation selon laquelle la croissance était plus faible que ce qui était attendu. C'est vrai au deuxième trimestre, ça le sera sans doute encore dans les trimestres qui viennent. Et deuxièmement, la perspective, qui est très proche maintenant, de la mise en œuvre du quantitative easing 2, c'est-à-dire de l'injection de liquidités via des achats nouveaux de la Banque centrale américaine. Ces liquidités doivent aller quelque part, les rendements sont très faibles aux Etats-Unis, il y a des sorties de capitaux qui vont se placer sur d'autres devises et l'euro, si je puis dire, en profite.
Gaëlle Copienne : Quelles peuvent être les conséquences ?
Philippe d'Arvisenet : A l'heure actuelle, après la montée de l'euro contre le dollar, qui est de 17% par rapport au point bas du mois de juin, nous avons une surévaluation de l'euro de 12%, contre dollar et toute monnaie confondue. L'une des premières conséquences, c'est un ralentissement vraisemblable des exportations de la zone euro vers le reste du monde, compte tenu du fait que les produits en euro deviennent plus chers. Ca a vraisemblablement moins d'impact sur les échanges à l'intérieur de la zone euro puisqu'il n'y a qu'une monnaie. Deuxièmement, l'appréciation de l'euro veut dire l'importation de la désinflation venant d'autres pays. Ca a un effet particulièrement négatif pour notamment les pays de la périphérie de la zone euro, puisqu'ils sont déjà, c'est le cas de l'Irlande, avec une inflation négative, si je puis dire. On flirte avec l'inflation négative dans des pays comme l'Espagne ou le Portugal. Ca ne se fait pas à cause de l'augmentation des taxes indirectes mais fondamentalement, le phénomène est là. Et qui dit inflation allant vers le bas, et à fortiori négative, dit augmentation des taux d'intérêt réels, donc freinage de l'activité au moment même où l'on met en oeuvre une politique de consolidation budgétaire, donc ça rend les choses encore plus difficiles.

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