Prophètisation

L’Évangile de cette semaine est l'épisode qui raconte les prêches de Jean le Baptiste (Matthieu 3, 1-12).
Quand Jean le Baptiste commence sa prédication, l'occupation romaine dure environ depuis 90 ans.
Le roi Hérode a été laissé en place par les Romains mais il est unanimement détesté.
Les partis religieux sont divisés et on ne sait plus très bien qui croire.
Il y a les collaborateurs et les résistants, et régulièrement un exalté fait parler de lui, promet le salut, mais cela se termine toujours mal.
C'est dans ce contexte que Jean le Baptiste se met à prêcher.

Il vit dans le "désert" de Judée entre le Jourdain et Jérusalem.
Cette région n'est pas totalement désertique, mais ce qui intéresse Matthieu, ce n'est pas le degré de sécheresse du lieu, c'est le sens spirituel du désert.
Comme Juif, il a en tête toute la résonance de l'expérience d'Israël au désert pendant l'Exode et la méditation des prophètes sur l'Alliance conclue là-bas dans la ferveur de ce que le prophète Osée appelle des fiançailles.
Jean le Baptiste paraît, et tout, son vêtement comme sa nourriture, l'apparente aux grands prophètes du Tanakh.
Certains ont même pensé qu'il était peut-être le prophète Elie dont on attendait le retour pour la fin des temps.
Par sa prédication aussi, Jean le Baptiste rejoint les prophètes.
Comme eux, il a un double langage, doux, encourageant pour les humbles, dur, menaçant pour les orgueilleux.
Le but, c'est de rassurer les petits, mais de réveiller ceux qui se croient avec orgueil être ceux qui seront sauvés et d'attirer leur attention sur leurs comportements.
"Engeance de vipères" est une mise en garde. Matthieu veut leur dire qu'ils sont de la même race que le tentateur, le "diviseur" du Paradis terrestre.
Ses auditeurs, habitués au langage des prophètes, savent bien que ce n'est pas à des personnes ou à des catégories de personnes qu'il s'en prend, mais à des manières d'être.
Jean le Baptiste annonce donc le jugement comme un tri qui se fera non pas entre des personnes, mais à l'intérieur de chacun de nous
Pour cela il emploie l'image du feu.
Le prophète Malachie l'a déjà fait (Mal'akhi (Malachie) 3, 19-20), disant que tout ce qui est mort, desséché, dans nos manières d'être, sera coupé, brûlé, mais si le jardinier fait ce tri, c'est pour permettre aux branches bonnes de se développer.
Le cultivateur fait un tri analogue au moment de la moisson. Le grain sera amassé dans le grenier, la paille sera brûlée. Ce qui est bon, en chacun de nous, même si c'est très peu, sera précieusement engrangé.
Mais il y a en chacun de nous des comportements, des manières d'être, dont nous devrons nous débarrasser.
Jean le Baptiste parle de la fin des temps.
Il dit que le Messie attendu viendra et fera ce tri, "celui qui vient derrière moi...vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu ; il tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas".
Jean le Baptiste dit ensuite "Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi" en parlant de la toute puissance de D.ieu, et "et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales", car ce sont les esclaves qui enlevaient les sandales de leurs maîtres. C'est encore la reconnaissance de la grandeur de D.ieu le créateur, par rapport à sa créature.
Il dit aussi "Moi, je baptise dans l'eau, lui vous baptisera dans l'Esprit-Saint".
Jean le Baptiste ne peut que baptiser dans l'eau, rite de purification juive dans le mikvé, car il est un homme, et seul D.ieu, l'Esprit Saint de D.ieu peut nous baptiser dans le feu.
Seul D.ieu peut répandre Son esprit sur toute chair.
Jean le Baptiste annonce et prépare le chemin pour la venue du Royaume, "A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route" (Yéchâya (Isaïe) 40, 3).