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Pour Besson Wikileaks est un site criminel

Publié le 05 décembre 2010 par Olivier Laurelli

Julian Assange

Julian Assange

Eric Besson était sur Europe 1 ce matin. Pénible comme intervention. Vous pouvez l’écouter ici, ça commence vers 14’30″. Toute la pénibilité de l’homme qui sait qu’il fait le choix de s’engager sur une pente glissante mais qui est obligé de passer par là s’il veut être entendu dans tout ce bruit. Et bien  tout ça ne sent franchement pas bon à la veille de la seconde lecture de LOPPSI 2, les intérêts du ministre de l’industrie qu’il est (et il le rappelle, Internet est une industrie), convergent avec ceux de certains fournisseurs d’accès, des équipementiers, et convergent également avec l’orientation sécuritaire de la politique actuelle du gouvernement. L’affaire Wikileaks devrait donc naturellement s’inviter dans les débats de l’Hémicycle et j’ai bien peur que l’on ne se mette à reparler de technologies de reconnaissance de contenu ou encore plus stupide, comme un gros bouton rouge pour couper l’Internet.

Besson un avant-goût de cleanternet

J’ai été soufflé de l’aplomb avec lequel Eric Besson, s’est substitué à un juge français et américain en même temps pour décréter Wikileaks comme une organisation criminelle. Notre ministre fait des raccourcis un peu rapides : il part du principe admis que Wikileaks est un site criminel parce qu’il a volé des documents, première erreur, Wikileaks n’a rien volé, il a diffusé des documents supposés volés. Quand on lui demande pourquoi il n’attaque pas le quotidien le Monde, Eric Besson n’en ramène d’ailleurs franchement pas large. Eric Besson lâche ensuite une position bien tranchée sur le rôle de l’État dans le cadre de la censure d’un site web : « l’Etat a son mot à dire ». Le ministre se lance après dans une définition de ‘l’Internet libertaire’ pour lui, c’est l’Internet des pédophiles et des terroristes. Peu de doutes, Monsieur Besson a bien envie de nettoyer ton Internet, il a décidé que l’État devait se prononcer sur la légalité des contenus sur Internet et qu’il est à même de juger un homme, quitte à se soustraire à la justice… américaine.

Le Cablegate aura un effet positif, les véritables intentions des uns et des autres en matière de filtrage vont pouvoir librement s’exprimer et on verra qui défend quelle position. On devrait donc vite voir assez clair dans le jeux de personnes qui ont tout intérêt à tenter de filtrer Internet. Grâce au Cablegate, on aura au moins appris qu’Éric Besson se fout bien qu’un juge ait à se prononcer sur la légalité d’un site web ou pas, le shériff, c’est lui.

Mise en cause de la vie d’autrui

Eric Besson condamne de fait Wikileaks en retenant un chef d’inculpation que même les lawyers de la Maison Blanche n’ont pas retenu pour poursuivre Wikileaks (en tout cas ça leur semble bien moins évident que pour monsieur Besson), d’ailleurs le site ne fait pas à ma connaissance l’objet de poursuite directe, c’est Julian Assange que l’on poursuite pour un un très supposé crime sexuel… et on va voir la tronche du crime.

Le mandat d’arrêt international contre Julian Assange, cette red notice Interpol ne parle même pas de viol, d’agression sexuelle; juste un « sex crime » qui fait référence à un « rapport sexuel non protégé« …. pas une agression, pas un viol, pas une mise en danger de la vie d’autrui (ou alors leur astuce juridique est là mais ils auraient pas oser quand même.. c’est un peu grossier)… c’est un homme, l’homme le plus recherché du monde… que l’on recherche officiellement dans le monde entier pour ne pas avoir mis de capote !

Pourtant, Eric Besson invoque lui une mise en danger de la vie d’autrui et soutient que l’État américain a porté plainte pour des activités criminelles.

Et bien montrez nous un indice de cette plainte, car la red notice elle, elle n’en parle pas.


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