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Carnage ou créativité

Publié le 08 décembre 2010 par Unpeudetao

Nous ne sommes plus dans le monde réel si nous laissons déferler sur nous ce qui se passe aujourd’hui. Face à un ennemi qui dispose de forces matérielles supérieures, nous devons faire des choses qui n’ont jamais été faites auparavant. En rassemblant autour d’une même mission des forces diverses qui, prises une à une, ne pourraient qu’être vouées à l’échec.

C’est pourquoi nous soutenons de tout notre cœur et de toute notre raison un peuple irlandais qui, en résistant au pillage économique et au carnage social de son pays, affronte directement l’ordre prédateur de la City et de Wall Street. Le plan « d’aide » de l’Union européenne et du Fonds monétaire international ne vise en effet qu’à sauver le système bancaire irlandais et ceux qui le contrôlent, depuis Londres, New York et toutes les plateformes alternatives du monde. Le Financial Times de Londres lui-même, dans son blog Alphaville du 29 novembre, a reconnu après nous l’existence du groupe bancaire Inter-Alpha et son rôle au centre de ce réseau, avec une volonté prédatrice égale à son incompétence. Le peuple irlandais, lui, subira un plan d’économies de 15 milliards d’euros sur quatre ans, qui s’ajoute aux coupes de 14,5 milliards appliquées dans les trois budgets précédents, soit en tout 20 % du PIB ! Cette purge comprend une baisse de un euro du salaire minimum horaire, une réduction du traitement des nouveaux fonctionnaires de 10 %, la suppression de 25 000 emplois publics, une amputation des allocations sociales de 2,8 milliards, une hausse de la TVA de 20 à 23 % et de nouveaux impôts sur le foncier et sur l’eau, touchant tout le monde. Plus de 100 000 Irlandais sont descendus dans les rues de Dublin pour protester, ce qui est énorme sur 4 millions d’habitants, et le parti d’opposition Sinn Féin a remporté l’élection législative partielle du Donegal (nord-ouest du pays), sa première victoire depuis 50 ans.

Le Portugal et l’Espagne seront les prochaines victimes, si la machine infernale n’est pas arrêtée. Porte-parole des oligarchies, Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de haute finance à Paris, dit tout haut ce que d’autres pensent tout bas : « La vérité est qu’il faudra bien se résoudre un jour ou l’autre à la douloureuse destruction massive des dettes… Pas un désendettement homéopathique et circonstancié ; un vrai, un lourd, signifiant une terrible contraction de toutes les finances publiques, de la consommation, des retraites, des allocations, des salaires ; liste non exhaustive. »

Cette déclaration imbécile et criminelle, reposant sur une politique des banques, pour les banques et par les banques est contraire au principe de notre Constitution : « Une politique du peuple, par le peuple, pour le peuple. » Elle est pourtant partagée par les chefs d’Etat européens actuels, embarqués sur la nef des fous de l’euro, idée absurde de technocrates et de bureaucrates aboutissant à durcir les plans de rigueur pour l’empêcher de couler, ce qui fait reculer la croissance, diminue la production de richesse et détruit la base même permettant de rembourser. C’est Gribouille avec un sécateur entre les dents.

Ce sont au contraire les joueurs qu’il faut frapper, avec un système Glass-Steagall mettant une muraille de feu entre banques d’affaires et banques de dépôt, et organisant la faillite ordonnée des perdants sans les renflouer pour qu’ils paient les gagnants au détriment des peuples. Alors on pourra lancer de grands projets de développement, avec du crédit public et des parités fixes entre monnaies, dans l’intérêt du développement mutuel des économies et de l’essor de la créativité de tous. Alors on pourra reconstruire Haïti et ne pas le laisser sombrer, alors on pourra revitaliser le lac Tchad et non tuer les industries naissantes africaines en démantelant les droits de douane, alors on pourra entreprendre d’autres grands travaux à l’échelle des continents, basés sur les technologies de pointe et l’emploi qualifié.

Mon projet présidentiel repose sur ce socle. On a cru me chasser du terrain en 1995. L’oligarchie s’est trompée. Je suis de retour, le regard froid sur ce vers quoi nous allons si nous ne changeons pas de direction, et porteur d’espérance sur ce que nous devons faire.

(Les éditoriaux de Jacques Cheminade)

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 Le site de Solidarité et Progrès :

www.solidariteetprogres.org


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