Magazine

Voyage en capitale, Louis Vuitton & Paris

Publié le 06 décembre 2010 par Mpbernet

Louis_Vuitton_mallesempilablesJ'avoue tout, je suis accro à Louis Vuitton : sacs, portefeuille, montre, petite maroquinerie, j'en ai de toutes sortes, depuis 1982 exactement alors que, rédactrice en chef du magazine "maison" du Crédit Commercial de France, je commandai à un journaliste pigiste une monographie sur l'entreprise, non encore passée sous l'égide du groupe LVMH. Ce qui est chouette, c'est que ces objets ne vieillissent pratiquement pas, et même prennent de la valeur avec le temps...

Tellement convaincue de la qualité des productions qui commençaient à devenir ultra célèbres en particulier au Japon, je suis restée une inconditionnelle de la marque. Aussi, quand Claude m'a proposé de venir visiter l'exposition organisée à Carnavalet, je ne me suis pas faite prier deux fois.

malle_LV
Ici, point de sacs, de souliers, vêtements ou bijoux, mais simplement des malles. Car Louis Vuitton, qui a appris son métier de layetier* à Paris s'y installe en 1854, va sans cesse innover, ainsi que ses successeurs, dans l'art de transporter sans dommage les riches atours de l'aristocratie, plus ou moins récente du Second Empire.

Dès le début, savoir faire traditionnel et recherche technique permanente sont les maîtres-mots de l'entreprise familiale. Ce sont les crinolines de l'impératrice Eugénie qui vont le rendre célèbre. Sensible à la solidité et à la praticité indispensables, il crée une nouveauté cruciale : la malle plate (alors que jusque là, les couvercles des malles sont bombés), qui peut donc s'empiler, recouverte de toile enduite, plus légère et moins fragile que le cuir. Et, sans cesse, on voit que l'entreprise colle aux tendances nouvelles de la mode (l'Art déco en particulier) et de la technologie la plus récente pour créer des modèles adaptés à la demande internationale.

A l'origine, elle est gris Trianon, mais bien vite, pour déjouer les contrefaçons de ses concurrents, Louis Vuitton conçoit des toiles à décor plus difficilement imitables : des rayures blondes et brunes, un damier, puis dépose en 1905 le brevet du motif de la toile Monogram.

Très émouvant : deux carreaux de fayence de Gien qui lui ont donné l'idée de ce motif, qui tire aussi ses racines dans la mode japonisante et la folie du moyen âge.

Pour Louis Vuitton, le voyage est un art, quel que soit le mode de transport. Pour les compagnies maritimes, il crée des malles-cabines qui se glissent sous la couchette du voyageur. Un article parfaitement adapté aux voyages en chemin de fer. Plus tard, il créera une malle ultralégère pour l'avion. Pleine, et dotée d'un trousseau masculin complet, elle ne pèse que 26 Kg. La voici à gauche.

Louis_Vuitton_007
Mais surtout, la Maison Louis Vuitton s'adapte aux commandes les plus folles. Elle se met en quatre pour exprimer les souhaits des célébrités de son temps : une malle secrétaire pour Léopold Stokowsky (le chef d'orchestre que l'on voit dans Fantasia de Walt Disney), Igor Strawinsky, Sacha Guitry et Yvonne Printemps (une malle contenant trente tiroirs pour autant de paires de souliers), des malles à service à Thé, à pique nique pour quatre, à nécessaire de toilette complet avec les accessoires en écaille ou en ivoire - c'est la mode venue de l'Exposition coloniale de 1931 - la malle-cantine-lit de l'explorateur Savorgnan de Brazza, adaptée à sa grande taille, les malles des croisières Noire et Jaune, conçue pour Haardt.

On découvre aussi une ligne de malles pharmacie (pour la Croix Rouge en 1914), ou chirurgie (en 2009, un projet de Damien Hirst). Il y a même une malle pour poupées Barbie et une mallette pour dents de lait.

Louis_Vuitton_009
Une réalisation impeccable, un goût parfait dans le registre de la rigueur et du raffinement, des prix fous certainement...Voilà une maison qui ne surjoue pas sa réputation et mérite des éloges.

Louis_Vuitton_008
Bref, fan je suis et fan je reste. Et l'exposition est superbement mise en scène. On n'en attendait pas moins d'un des géants du luxe dans le monde. Le rapport avec Paris reste, toutefois, un peu tiré par les cheveux, mais on ne va tout de même pas bouder son plaisir !

Exposition au Musée Carnavalet - Musée de l'histoire de Paris, du 13 octobre 2010 au 27 février 2011 - 23, rue de Sévigné 75003 Paris, du mardi au dimanche, de 10h à 18h, fermé le lundi et les jours fériés.  7€.   

* layetier : Les Layetiers forment à Paris une communauté assez ancienne, car sous François Ier en 1521 , une Sentence du Prévôt de Paris fait mention de 15 articles de leurs statuts , et ils sont qualifiés de maître Layetier-Ecriniers. Ce nom viendrait à cause des layettes qui sont une espèce de boite propre à férer (porter) du linge et des écrins ou étuis. Ensuite, ils prennent encore le titre d'Ecriniers, ils abandonnent une partie de leur art aux Gaîniers . Ils ne fabriquent plus que des boites de toutes espèces, pour emballer toutes sortes d'articles, sur mesure.                         


Retour à La Une de Logo Paperblog