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Acidification des océans : le rapport alarmant

Publié le 07 décembre 2010 par Bioaddict @bioaddict
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L'impact futur de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre sur la santé des mers et des océans pourrait être beaucoup plus élevé et complexe qu'on ne l'avait supposé auparavant. Ce sont là les conclusions d'un rapport lancé par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et publié lors de la réunion de l'ONU sur le climat à Cancun, au Mexique.

L'étude, intitulée " Les conséquences environnementales de l'acidification des océans ", réuni quelques-unes des dernières recherches scientifiques sur le phénomène d'acidification des océans, un processus déclenché par l'augmentation des concentrations de C02 dissous dans l'océan qui modifie la chimie de la mer par un abaissement du pH du milieu marin.

Les conclusions sont alarmantes : la hausse des concentrations de C02 pourrait avoir des répercussions croissantes sur le secteur de la pêche et sur les milliards d'individus qui en dépendent.

Une acidification croissante des océans

Environ 25% des émissions mondiales de C02 sont absorbées dans les mers et les océans où elles se transforment en acide carbonique. Ce phénomène entraine une baisse générale du pH des océans et affecte sa chimie. Les concentrations d'ions de carbonate qui sont en baisse, ont une incidence sur la capacité de nombreux organismes marins à construire des coquilles et des récifs.

Le rapport indique que la chimie des océans s'altère à une vitesse qui n'avait plus été atteinte depuis 65 millions d'années et l'extinction des dinosaures. Le pH moyen du milieu maritime a ainsi chuté de 30% et la concentration en ions de carbonate a chuté de 16% depuis le début de la révolution industrielle. Sur la base des taux actuels des émissions de CO2, les projections montrent que d'ici la fin du 21e siècle, le pH océanique global diminuera de 0,3 unités, ce qui représente une augmentation de l'acidité totale de 150%.

La menace pour la sécurité alimentaire

Les crustacés et les autres poissons représentent un apport de 15% de protéines animales pour trois milliards de personnes à travers le monde, et un milliard de personnes supplémentaires dépendent directement de la pêche pour leur apport en protéines.

Le rapport indique que même si de nombreux organismes marins ont les moyens de compenser les variations de la chimie de l'eau de mer, ils devront toutefois dépenser plus d'énergie pour s'adapter à un océan de plus en plus acide. Les moules et quelques espèces d'oursins, n'ayant seulement qu'un mécanisme partiel de compensation,  pourraient notamment être très vulnérables au phénomène d'acidification des océans.

Environ 80% des captures mondiales de poissons se concentrent dans une petite superficie équivalente à 10% de la surface totale des océans, dont des zones clés tels que les plateaux continentaux et les estuaires. Le rapport affirme que "la plupart de ces zones sont également celles qui sont les plus vulnérables à l'acidification des océans".

L'industrie de l'aquaculture est le producteur alimentaire dont la croissance économique augmente le plus rapidement dans le monde entier. Celle-ci augmente à un taux de 7% par an. La proportion mondiale de poissons produits par l'industrie de l'aquaculture et consommés par les humains a augmenté de 50%. Le rapport indique que ces industries sont aujourd'hui menacées par l'acidification des océans, de manière directe par le biais de l'impact sur les organismes eux-mêmes et de manière indirecte via la détérioration des chaînes alimentaires et des habitats dont elles dépendent.

Les récifs tropicaux fournissent un abri et de la nourriture à environ 25% des espèces connues de poissons marins. Par conséquent, on peut affirmer que ces récifs coralliens assurent la sécurité alimentaire et économique d'environ 500 millions d'individus à travers le monde. Selon le rapport, l'acidification des océans est susceptible d'affecter: la formation et la croissance des jeunes coraux ainsi que des coraux adultes, la croissance des algues rouges coralliennes, l'intégrité structurelle du récif et peut-être même la densité de la bio-érosion des herbivores et des prédateurs.

Des espèces en danger

Le rapport confirme ainsi les inquiétudes concernant certains organismes vivants primordiaux, tels que les coraux et les mollusques. Dans les décennies à venir, il sera ainsi de plus en plus difficile pour ces organismes de former leurs squelettes, ce qui rend leur survie complexe.

Le rapport montre également que l'acidification des océans peut interagir avec le réchauffement des océans. Les animaux tels que les crabes ne peuvent par exemple s'épanouir que sous une certaine gamme réduite de températures. Dès lors, cela entraine des répercussions sur les futures captures de crabes, moules et autres coquillages. Les espèces qui dépendent des récifs coralliens ou encore celles comme le saumon qui se nourrissent de petits organismes risquent également d'être en péril.

D'autres recherches mettent en lumière de nouvelles zones de préoccupation. L'une d'entre-elles concerne certaines espèces, dont le poisson clown rendu célèbre par le dessin animé de Disney " Le Monde de Nemo ", qui pourraient éprouver plus de difficulté à éviter leurs prédateurs et à retrouver leur chemin dans l'Océan.

Si d'autres poissons réagissent de la même manière, cela pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la chaîne alimentaire marine. Or, des milliards de personnes dépendent directement ou indirectement de cette chaîne alimentaire marine pour s'alimenter et pour avoir des ressources financières.

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