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Transmission et pédagogie… avec Ph. Meirieu

Publié le 05 décembre 2010 par Perceval

Avant la panne actuelle, l’Education  avec le collège unique, les BAC Pro. Etc, a montré qu’elle pouvait réussir. Aujourd’hui, il s’agit , avec un coût financier équivalent,de  généraliser ce succès, qui s’est opéré dans les marges, et le plus souvent grâce à des ‘militants’… A généraliser, donc ce succès aux masses, et sans exclusion … Il s’agit de revenir à un investissement financier à la véritable hauteur de l’enjeu … et à un investissement politique .

J’en viens, à présent, à ce que nous dit P. Meirieu: – En ce XXIème siècle, la question du ‘ sujet ‘ est au cœur de cette réflexion. Le sujet est en péril., en effet la modernité promeut l’individu et met le sujet en péril… Au travers de la relation adulte-enfant, il nous apparaît clairement que nous sommes tous manipulés par l’appel du « capitalisme de la pulsion »… Cette immédiateté, ce besoin de satisfaction immédiate, mettent le sujet en péril… Enseignant, nous sommes contraints de forcer l’accès à la pensée à reconstruire. Un enfant est un corps humain ‘connecté’-  en hyper activité permanente – où la pensée n’a plus le temps de se développer … Nous sommes plongés dans un capitalisme pulsionnel  en évolution … A l’enfant, nous disons : Ton caprice fait la loi ! ( et il fait marcher le commerce ! )

Il faudrait passer de la pulsion  au  désir.. Il faudrait passer de la suractivité à la pensée..

Après une pulsion , nous revenons à l’encéphalogramme plat ; alors que le désir, ne l’abolit pas, mais l’agrandit … L’enseignant devrait être attaché à cette exigence : le désir d’apprendre

Placer le désir au cœur du travail pédagogique, c’est placer le sujet au cœur du projet pédagogique ..

Qui peut nous dire le ‘ Bien ‘. ? Cette question, que nous affirmons aujourd’hui non résolue, est au cœur de la démocratie ; – elle la structure, la rend précaire, donc précieuse …

C’était facile d’éduquer un enfant, quand il y avait un ‘ catéchisme ‘ qui nous disait : où et comment se trouve le bien , et règle le comportement individuel … A partir du moment, où nous ne déclarons plus légitime à quiconque, à quelque idéologie que ce soit, le droit à légiférer sur nos vies … Nous en sommes rendus à devoir le décider nous-mêmes … Quelle radicale étrangeté, par rapport à ce que nous avons vécu .. ! Nous ne pouvons même plus nous révolter contre ce pouvoir, puisque que, nous ne le reconnaissons plus … ( Et tant mieux … ! – pour ce qui était de l’emprise sociale ( pouvoir ) du religieux ! )

La montée de l’individualisme social , est le corollaire de l’effondrement du religieux… Il a fait tomber toute forme de verticalité ( qui s’imposait ), et réduit tout à l’horizontalité…

Cet état de fait, impacte la question éducative. Dans notre société, nous avons  éradiqué la mortalité enfantine et chaque enfant est désiré… L’enfant devient  ‘ l’enfant du désir ‘sur lequel nous allons projeté notre désir… Ce sont nos enfants qui vont faire notre bonheur …

On accuse les pédagogues d’avoir fait «  l’enfant-roi » , alors que c’est un phénomène social qui n’est pas lié à la pédagogie , mais à notre modernité … C’est l’enfant qui décide de celui qu’il va aimer ( beaucoup d’exemples chez les enfant de la ‘semaine’)… L’enfant arbitre et se trouve détenteur d’un pouvoir, qu’il n’est pas capable de gérer … Ces phénomènes sont des faits . Ce ne sont pas des arguments pour interdire le divorce, la garde alternée..etc … L’enfant du XXIème siècle ne sera plus l’enfant des siècles précédents ( et tant mieux … ! )

Aussi, le défi social et politique, est de permettre aux individus de tenir ensemble, dans des relations de configuration et non pas de coagulation ( c.a.d. sans tomber dans des pulsions de fusion..)

Vivre ensemble, sans le bâton du patriotisme, du dieu tout puissant,, du fanatisme, de l’idéologie : ce dont il faut absolument nous réjouir .. !

Nous n’avons plus qu’à nous retrouver dans le débat démocratique, et bâtir du lien commun … Dans cette situation de crise ( positive )la pédagogie devient essentielle … Dans une théocratie, on peut faire du dressage, dans une démocratie, on a besoin de pédagogie qui permet de se décentrer, d’examiner, qui  permet d’entrer en relation avec l’autre sur un mode qui ne soit pas sur le modèle de l’emprise … mais, de la découverte respectueuse et collective pour  découvrir le bien commun… La modernité appelle la pédagogie, pour ne pas tomber dans un libéralisme anarchiste qui n’est que le choc des individualités que ne régulera plus que la seule loi du marché , ou alors nous tombons dans des fondamentalismes les plus réactionnaires et dangereux ..

Entre l’esprit consommateur-individualiste et la fusion religieuse … Quel chemin trouver pour un collectif démocratique ?

Peut-on et comment :  conjuguer transmission et émancipation ?

Transmettre n’est pas assujettir, et émanciper n’est pas promouvoir l’individualisme ..

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