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La Chine, nouvel ennemi de l’intérieur

Publié le 06 décembre 2010 par Hmoreigne

 Pendant que la France se regarde le nombril, focalisée sur le psychodrame des ambitions présidentielles de 2012, l’environnement économique mondial continue à d’évoluer à toute allure. La Chine, n’est plus seulement cet atelier du monde situé à des milliers de kilomètres où partent nos emplois, elle est désormais comme un cheval de Troie au coeur de l’Europe. Illustration avec l’implantation de nombreux immigrants chinois en Toscane où ils fabriquent sous label italien des vêtements dont la mauvaise qualité dessert la réputation de l’industrie transalpine.

Le paradoxe c’est que l’Italie, c’est le pays de Marco polo. Ce commerçant vénitien fût l’un des plus célèbres explorateurs de la route de la soie, considérée comme l’un des prémices de la mondialisation. Or, aujourd’hui, le chemin se fait en sens inverse.

La ville du Prato (180 000 habitants) située à une quinzaine de kilomètres de Florence est l’un des plus grands centres textiles d’Europe depuis le moyen-âge. Depuis les années 90, il est devenu un enfer pour des milliers de travailleurs clandestins chinois.

La pompe a été imprudemment amorcée par les industriels locaux qui pensaient se doter à bon prix d’une main d’œuvre docile et efficace mais, la machine s’est emballée et échappe désormais à leur contrôle.

Prato est devenue la première communauté chinoise d’Europe juste derrière Paris. D’une centaine de personnes à la fin des années 80, celle-ci est aujourd’hui constituée d’environ 40 000 individus, pour moitié clandestins, qui travaillent tous dans l’industrie de l’habillement.

A 25 000 € le voyage, il faut souvent quatre années de travail de 12 à 16 heures par jour rémunérées entre 500 et 800 €/mois pour s’affranchir des griffes de la mafia chinoise qui tient la filière. Les migrants sont tous originaires de Wenzhou, une ville du sud-est de la Chine.

Les promesses d’eldorado de la mafia sont confirmées par la manne financière qui revient au pays. En l’espace de quatre ans, près de trois milliards d’euros ont été blanchis et expédiés en Chine par le biais d’agences de transfert d’argent, gérées par des Chinois en Italie.

La réalité est toute autre. Des salaires ridicules mais dix fois plus élevés qu’en Chine, des horaires de travail extensibles, jusqu’à 16 heures quotidiennes, des conditions de travail exécrables permettent aux 4500 entreprises chinoises de la ville de produire à des coûts et dans des délais inimaginables des milliers de pièces de vêtements dont le tissu provient en grande partie de Chine car 10 fois moins cher que le textile italien.

S’ajoute à cela le renfermement de la communauté sur elle-même pour reproduire un mode de vie complet à la chinoise, totalement étanche à la population autochtone. Cette situation engendre de vives tensions entre les italiens de souche et les nouveaux arrivants. Les premiers reprochent aux seconds non seulement d’avoir causé par une concurrence sauvage la quasi-disparition des entreprises italiennes mais désormais de phagocyter le tissu industriel restant en le rachetant à bas prix.

Déliquescent, l’État italien est dans l’incapacité de surveiller à grande échelle le respect de la législation en matière de droit du travail et de reconduire les migrants illégaux. Les autorités chinoises en se refusant à coopérer pour identifier les clandestins semblent encourager ces exportations sauvages de main d’œuvre.

Cette impuissance nourrit un fort ressentiment dans la population, entretenu par des partis politiques extrémistes qui font de la xénophobie leur fonds de commerce. Le Maire de Prato, Roberto Cenni, élu avec le soutien de la Ligue du Nord à l’issue d’une campagne contre l’illégalité de la communauté chinoise s’inquiète de voir l’illégalité diffuse contaminer tout le tissu économique de la ville, et redoute l’installation de la mafia chinoise. Une crainte confirmée par le procureur national anti-mafia qui estimait dernièrement que la mafia chinoise tisse des liens de plus en plus serrés avec les mafias italiennes.

Les chinois démontrent un sens entreprenarial et une capacité d’adaptation remarquables car au départ, l’économie souterraine à grande échelle est une spécificité italienne.

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