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Papillon

Publié le 08 décembre 2010 par Jlhuss

papillon.1291837790.jpg« Insecte lépidoptère sous la forme adulte, ailée. »
Un vrai casse tête d’identité : avant lui, c’est lui ou c’est pas lui ? (La libellule et la grenouille connaissent le même tourment existentiel.)
On cherche à « Lépidoptères » :
« Ordre d’insectes à deux paires d’ailes couvertes de minuscules écailles, possédant une longue trompe pour aspirer les aliments. »
C’est bien lui : les « deux paires d’ailes » pour rattraper le temps perdu ; les « minuscules écailles » pour colorer d’or et d’azur des doigts d’enfants chasseurs ; la « longue trompe » à dérouler comme un mirliton, pour fêter un si long avènement après les saisons de la chenille et de la chrysalide, qui sont du papillon sans l’être tout en l’étant. Un bel atout pendant le Déluge : Noé le gardait en graine dans une enveloppe ; éclos, on l’eût perdu au premier coup de vent.

On se demande nigaudement si le papillon se souvient de ses états antérieurs, s’il a souci de sa permanence au fil des avatars. Lecteur, du fœtus au cadavre, es-tu si sûr de ta constance ? Quel est en toi le vestige du bébé dans le sexagénaire ? de ta formule chromosomique dans tes enfants ? de l’homme dans l’univers ? de l’univers dans la mémoire de Dieu ?

Le papillon vole par à-coup, comme je pense. Cela lui donne l’air de vouloir se poser toujours, ce qu’il devrait faire plus souvent : moins instable, moins… papillonnant, peut-être vivrait-il une semaine de plus.

Quoi de plus anodin mais de plus émouvant à suivre au monde que la danse ivre d’une piéride du chou, ce petit morceau d’éphémère blanc glissant des baisers d’amour éternel  dans des corolles d’un jour ?

Le filet à papillon était, avec la canne à pêche et la musette à champignons, l’instrument estival de nos enfances sans écrans. Nous affrontions les ronces et les chardons pour piéger le fadet, la vanesse, le nacré, le tircis. A vrai dire, les noms des insectes capturés nous intéressaient moins encore que ceux des aïeux dans les albums. Tenus comme des timbres à la pince de nos doigts frivoles, les ailés captifs passaient du filet au bocal, où ne nous savions plus qu’en faire. Appelés à d’autres jeux, nous les retrouvions morts dans le verre. Bah ! Un jour de plus ou de moins…

Arion

*

Proverbe du jour : L’absence de gravité est trop lourde de conséquence
pour être prise à la légère.

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La Z’ique de Makhno :


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