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Pourquoi #wikileaks change le monde?

Publié le 10 décembre 2010 par Sdeclomesnil
Pourquoi #wikileaks change le monde?
Ces dernières semaines, la planète entière s'est mise à parler de Wikileaks, au point que son fondateur Julian Assange est déjà pressenti par certains pour obtenir le prochain Prix Nobel de la paix. Wikileaks est en train de changer le monde, surtout parcequ'il montre à ceux qui connaissent peu le web, quels en sont ses principes de base.
Julian Assange me fascine car il symbolise le cyberactiviste, le vrai, pas le slacktiviste qui appuie sur le bouton like d'une cause quelconque pour se donner bonne bonne conscience. Julian Assange va jusqu'au bout de ses convictions. Il voit des choses qui ne lui plaisent pas, et il les met à jours. Il change le monde car ce qu'il nous montre illustre de manière incontournable que le monde a déjà changé. Ce qu'il fait c'est qu'il oblige ceux qui n'avaient pas encore compris l'étendue des changements, à les regarder en face, à les vivre et à les confronter. Dans ce sens, il est un révolutionnaire. Et dans ce sens ca ne m'étonne pas de constater que les plus conservateurs, ceux qui refusent le changement, demandent sa tête avec une violence non dissumulée. Je voudrais revenir ici sur les changements de société cruciaux soulignés par l'épisode wikileaks.
1- La transparence est désormais la règle de baseDans le monde 2.0 il devient impossible pour toute institution de fonctionner en cultivant le secret. L'individu ne fait absolument plus confiance aux institutions. Il n'y a qu'à regarder les églises désertées, les écoles critiquées, les personnalités politiques ridiculisées, les télévisions boudées, ou encore la perte de loyauté envers nos employeurs. Cette méfiance envers les institutions ets un signe des temps. Les représentants d'institutions qui ne l'auront pas compris, et qui n'adopteront pas la transparence seront encore plus suspectes et sujettes à des campagnes de salissage. Que vous soyez une entreprise, ou même un gouvernement, vous ne pouvez plus vous cacher, vous devez respecter la règle numéro 1 des médias sociaux: la transparence.
2- La liberté d'expression est totaleLes blogues, les outils de publications personnelle, les médias sociaux, et les lulu.com de ce monde ont fait en sorte que quiconque ayant une opinion peut la diffuser dans son propre réseau, la publier, et si elle obtient une certaine résonance, peut la faire voyager et obtenir de l'influence. C'est ce que je fais ici avec la Fontaine de pierre. C'est ce que fait Julian Assange. Ce qui est interessant, c'est aussi de voir que malgré les batons qu'on essaie de lui mettre dans les roues, il continue: il organise des sites mirroirs, se fait héberger dans plusieurs pays à la fois, et se base sur la communauté pour se faire aider.
3- Les communautés sont invinciblesJulian Assange dispose d'une base d'admirateurs et d'une armée de développeurs préoccupés par l'indépendance du web, qui sont prêts à le soutenir, quitte à frôler les limites de la légalité...Il est financé via les donations du public (comme wikipedia). Le crowdfunding, (le financement par la communauté en bon francais), est une tendance lourde du web, bien que les principaux acteurs économiques ne s'en soient pas encore rendus compte. Les exemples se multiplient tousles ans pour montrer combien la puissance du nombre des anonymes peut peser lourd dans les choix de nos bonnes vieilles institutions, à commencer par les marques (rappellons juste pour 2010 les épisodes de BP, Gap, ou KitKat...). Les communautés s'auto-alimentent. Lorsqu'elles ont un os à ronger, elles ne s'arrêtent plus, elles créent un engouement contagieux autour de leur dynamique. Elle ne s'arrêtent que lorsqu'elles ont atteint leur objectif, qui est de faire plier les marques, les dirigeants, et les institutions. Avec wikileaks, ce sont tous ces représentants des institutions qui sont potentiellement menacés: les cables diplomatiques dénoncent les opérations militaires américaines en Iraq ainsi que d'autres gouvernement, mais les grandes multinationales ne sont pas épargnées: aujourd'hui par exemple c'est Pfizer qui subissait les foudres du site. Au mieux les communautés s'attentent à des excuses, au pire à des changements de comportement. Puisqu'elles sont virtuelles et vivent dans des espaces qui ne sont plus des territoires, il est impossibles de les arréter autrement qu'en leur donnant ce qu'elles demandent, non, ce qu'elles exigent. Ce n'est pas pour rin que le marketing se lance dans les médias sociaux: les marques ont compris que seules des communautés d'ambassadeurs peuvent lutter contre des communautés de détracteurs... Je m'attends à voir de plus en plus de luttes entre différentes communautés sur le web.
4- La culture du web est une réalitéTrop de dirigeants n'ont pas vécu la révolution informationelle de l'intérieur. Ils sont restés prisonniers des anciennes logiques, et ne composent pas (assez) avec la culture du web. Pourtant cette culture est née sur des bases de partage, d'entraide, et de liberté totale. Les hackers sont à l'origine de cette culture. Il existe aujourd'hui des sous-cultures du web, qui se manifestent au travers de ... communautés bien sur. Connaissez-vous 4chan? C'est un excellent exemple pourtant. La culture web, celle du hacker a longtemps été marginale. Aujourd'hui, elle est devenue mainstream. Regardez comment le geek a évolué en quelques années. Il est passé du statut d'antisocial à celui de trendsetter übercool, et ce n'est pas un hasard. Julian Assange est un parfait représentant de cette culture qui a toujours valorisé les révolutionnaires. POur moi, Julian Assange est tout à fait comparable à un Gutemberg qui luttait contre la concentration du savoir aux mains de l'église, et qui avec l'imprimerie a révolutionné le monde. Ceux qui n'acceptent pas les nouvelles règles du jeu de cette culture sont voués à rester sur le quai.
5- L'anonymat n'est pas incompatible avec la transparenceQui n'a pas déjà lu (ou répondu) à un commentaire d'un didgeridoo27 ou d'un spatule666? Le web a toujours fonctionné avec des avatars et des anonymes. Pourtant ces anonymes en disent parfois plus long que certains individus représentants les intérêts de leur employeur et utilisant le langage polissé, vide et creux de la langue de bois. Parfois la perte de l'anonymat est aussi une perte de la pertinence. Il est vrai aussi que lorsque l'on signe de son vrai nom, on fait plus attention, on est moins agressif, et selon le type de site web que l'on maintient, on favorisera l'anonymat ou pas. Dans le cas de wikileaks, la pertinence des informations est renforcée par l'anonymat.
6- Les médias doivent s'adapter en premierLes médias ont toujours fait partie des institutions. Dans un monde où l'on se méfie des institutions, les médias doivent se transformer à leur tour. Wikileaks n'a pas livré les 250 000 cables diplomatiques. Il a travaillé avec les équipes rédactionelles de plusieurs grands médias internationaux pour jouer le role de filtre et d'analyste. De nouveaux joueurs comme Owni sont à l'avant garde du nouveau journalisme avec ses journalistes-codeurs, son design qui tranche avec les autres sites d'information, et leur capacité à créer des applications comme celle des statelogs pour wikileaks. Non seulement le métier est réinventé, mais en plus, il doit intégrer les nouveaux paradigmes et faire en sorte que l'internaute se retrouve dans le contenu, qu'il ait non seulement le droit de commenter, mais l'opportunité de participer à la co-création du contenu. L'internaute-citoyen n'accepte plus de se faire dicter ce qu'il est de bon ton de penser. De même les salles de rédaction ne sont plus capables de couvrir l'ensemble de territoires de plus en plus grand puisque c'est le monde entier qui nous interesse. Il est donc légitime de faire appel à ceux qui sont sur le terrain: les citoyens, les Monsieur et Madame Toutlemonde. Par contre l'organe de presse peut nous donner son éclairage, son analyse des évènement, bref son filtre, qu el'inernaute est libre de choisir.Pourquoi les médias devraient s'adapter plus vite que tout autre acteur? Mais justement parcequeles médias sont des catalyseurs. Ils sont encore des influenceurs majeurs. Il peuvent et doivent accompagner leur public dans les changements de société. D'abord parceque c'est ce que la population attent d'eux, et ensuite parcequ'il en va de leur propre survie: on leur sera fidèles s'ils nous sont utiles.
Une chose est sure, wikileaks n'a pas fini de faire parler de lui. Julian Assange a déjà annoncé la prochaine vague de "fuites" sur une grande banque américaine. La Bank of America se sent visée, l'action baisse déjà, et avec l'actualité bancaire intense en 2010, il y a fort à parier que la révolution du système bancaire pourrait s'en trouver accélérée aussi...

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