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Mathis le peintre: une brillante représentation gâchée par l'historicisme

Publié le 09 décembre 2010 par Thegap

Une soirée inoubliable à l'opéra Bastille!
J'ai fait connaissance avec Hindemith...Une oeuvre remarquablement chantée, orchestrée et mise en scène. Matthias Goerne souligne la complexité du livret et de la mise en scène par une incroyable modulation de son registre vocal. Les décors sont exceptionnels, d'une grande beauté esthétique et surtout d'une complexité scénique qui étonne. L'orchestre dirigé par Christoph Eschenbach est toujours en place, cohérent avec le jeu des voix et les évènements. Régina, Martina Welschenbach est d'une fragilité et d'une fraicheur qui font frissonner dans ce monde brutal et violent.
Pourtant il y a un mais. Au milieu de l'oeuvre l'histoire immédiate est réintroduite et réinventée par Olivier Py le metteur en scène à travers les idéologies classiques des années 30, à mon avis un contresens dans l'interprétation de l'oeuvre d'Hindemith. Les chiens au demeurant assez sympathiques des pseudonazis et les drapeaux rouges des révoltés sont le signe d'un historicisme qui rétrécit le champ de l'opéra et altère le sens du message d'Hindemith. Dans cette optique le livre réalisé par l'Opéra de Paris contient l'extraordinaire article de Wilhem Furtwängler, grand écart politique traduisant bien l'esprit délétère que les nazis faisaient régner à l'époque.
Au contraire dans le livret de son opéra Hindemith va au delà de l'histoire immédiate pour questionner la relation de l'artiste au monde, la relation entre la création et la société, des questions éternelles qu'il éclaire tragiquement par le destin de Mathis. Finalement le spectateur se rappelle du retable d'Issenheim et constate que l'oeuvre triomphe des temps les plus perturbés.


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