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Emotions et intelligences

Publié le 03 décembre 2010 par Loreline123

thumb_1L'imagerie cérébrale a permis de mettre en évidence une relation directe entre les émotions primaires (colère, joie, tristesse notamment) et des zones spécifiques du cerveau. Ainsi, l'amygdale s'active en cas de peur (mais aussi pour toute autre émotion), l'insula avec le dégoût (ou la tristesse), tandis que le cortex préfrontal est impliqué dans la régulation volontaire de ces émotions.

Christophe Haag, professeur de management et auteur de « Génération QE » explique : « Lorsque vous êtes agacé, vexé ou énervé, vous avez tendance à choisir des options beaucoup plus risquées. A l'inverse, une joie exacerbée peut vous empêcher d'entrevoir des petits détails pourtant importants pour la décision que vous allez prendre. Elle peut également vous rendre trop confiant et vous amener à surestimer vos forces ou à sous-estimer celles de vos ennemis. » L'effet de groupe est tout aussi perturbant pour le raisonnement. « Une émotion ressentie trop intensément peut amener des individus, par contagion émotionnelle de masse, à commettre des actes auxquels ils n'auraient
pas adhéré en temps normal, mus par cette force invisible qu'est l'émotion de groupe ou le climat émotionnel. Et ce, peu importe le niveau social ou d'études. » Ainsi, Christophe Haag estime que la seule façon de déjouer ces pièges consiste à prendre du recul sur les événements. La régulation émotionnelle permet alors de se détacher de certaines « émotions néfastes », assure t’il. « Prendre le temps de réfléchir, s'interroger sur la pertinence de notre instinct émotionnel permet de laisser le temps au cortex préfrontal de s’attaquer au problème et de trouver une solution originale et novatrice. »

Il faut en outre savoir que dans la médecine traditionnelle chinoise (MTC), chaque émotion est associée à un organe. Ainsi, l’esprit et le corps sont fondamentalement associés et le concept de somatisation est primordial dans cette philosophie. La guérison des maux physiques passe par la compréhension des maux psychiques. Dans cette pensée, il est donc logique qu’une bonne santé mentale soit liée à une grande résistance physique. « Sain de corps et d’esprit », comme le dit le célèbre dicton. A l’inverse, un stress ou une peur grandissante viennent déséquilibrer le psychisme et induire des prises de décisions biaisées. En continuant ce processus réflexif, on arrive à la même conclusion que Mr Haag, c’est-à-dire celle selon laquelle les émotions influencent le QI, mais de manière plutôt négative.

A l’inverse, on peut se demander ce qui peut influencer de manière positive notre réflexion. Autrement dit comment les émotions nous rendent plus intelligents ? Existe t’il un type d’émotion particulier qui augmente notre QI ? Il est entendu ici que la notion de QI correspond à la réaction du cerveau à des stimuli d’ordre à la fois littéraire (associations d’idées) et d’autre plus de type mathématique (chiffres, logique). C’est précisément ce à quoi s’intéresse de numéro de « Sciences et Avenir ». On peut alors développer deux idées. La première déjà bien connue réside dans la relation directe entre le développement cérébral et les interactions affectives de l’individu avec le monde et les personnes qui l’entourent. Les expériences d’attachement influencent les émotions et façonnent le développement et la maturation du système nerveux. « Le cerveau est un organe social dont le développement est déterminé autant par la génétique que par les interactions sociales », affirme ainsi Daniel Siegel, professeur de psychiatrie à l’Université de Californie à Los Angeles. L’esprit ne se constitue pas tout seul, mais par les expériences du monde extérieur et les relations avec les autres. Le second point, consiste à noter l'influence de la sexualité sur le développement de cerveau. En effet, selon Werner Habermehl de l’Institut de recherche médicale de Hambourg, les rapports sexuels réguliers nous rendrait également intelligents en augmentant la production d’adrénaline et de cortisol, deux stimulants de la matière grise.

Ainsi, au sein de l’organisation extrêmement récurrente des interactions entre le cerveau et le corps, il existe une série de boucles de régulation, s’appliquant vers l’avant ou agissant en retour, certaines d’entre elles étant purement chimiques. Le point le plus significatif de cette organisation est peut-être que les structures cérébrales qui sont impliquées dans la régulation biologique fondamentale, sont aussi concernées par la régulation du comportement et sont indispensables à l’acquisition et au fonctionnement des processus cognitifs. L’hypothalamus, le tronc cérébral et le système limbique interviennent dans la régulation du corps et dans tous les processus neuraux sous-tendant les phénomènes mentaux, comme par exemple la perception, l’apprentissage, le rappel, les émotions et les sentiments, et le raisonnement et la créativité. 

Par ailleurs, on parle de plus en plus de l’intelligence émotionnelle. Les premières études sur l’Intelligence émotionnelle (IE) sont apparues au début des années 1990 avec les travaux de Salovey et Mayer. En 1990, ceux-ci définissent l’intelligence émotionnelle comme « Une forme d’intelligence qui suppose la capacité à contrôler ses sentiments et émotions et ceux des autres, à faire la distinction entre eux et à utiliser cette information pour orienter ses pensées et ses gestes ». Ces auteurs ont par la suite révisé leur définition de l’intelligence émotionnelle. Selon cette nouvelle définition, qui est aussi la plus généralement acceptée, l’intelligence émotionnelle désigne « L’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres ».

Finalement, on peut dire que la régulation du corps, la survie et le fonctionnement mental sont étroitement liés. Leur articulation s’effectue au niveau de tissus biologiques et repose sur des signaux électriques et chimiques, tous éléments appartenant à ce que Descartes appelait res extensa (le domaine matériel dans lequel il incluait le corps et son environnement, mais non l’âme qui, immatérielle, faisait partie, selon lui, de la res cogitans). Curieusement, cette articulation est la plus forte dans un site cérébral peu éloigné de la glande pinéale, que Descartes avait jadis désignée comme le siège de l’âme.

Pour aller plus loin : Sciences et Avenir n°766, Décembre 2010, p.50-63. Articles sources iciici et . Intelligence émotionnelle ici, ici et . Calculez votre Quotient Emotionnel (QE) ici.


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