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UNE LEGENDE DE lA COTE D'IVOIRE

Publié le 11 décembre 2010 par Bababe

UNE LEGENDE DE lA COTE D'IVOIRE

La Reine Pokou, cette femme qui a sacrifié son enfant pour la survie de son peuple !

"le courage d'une dirigeante qui face à la contrainte, a privilégié l'intérêt de son peuple au détriment du sien propre."

  Il y a longtemps, très longtemps, vivait au bord d’une lagune calme, une tribu paisible de nos frères. Ses jeunes hommes étaient nombreux, nobles et courageux, ses femmes étaient belles et joyeuses. Et leur reine, la reine Pokou, était la plus belle parmi les plus belles. Depuis longtemps, très longtemps, la paix était sur eux et les esclaves mêmes, fils des captifs des temps révolus, étaient heureux auprès de leurs heureux maîtres. Un jour, les ennemis vinrent nombreux comme des magnans. Il fallut quitter les paillotes, les plantations, la lagune poissonneuse, laisser les filets, tout abandonner pour fuir. Ils partirent dans la forêt. Ils laissèrent aux épines leurs pagnes, puis leur chair . Il fallait fuir toujours, sans repos, sans trêve, talonné par l’ennemi féroce. Et leur reine, la reine Pokou, marchait la dernière, portant au dos son enfant. À leur passage l’hyène ricanait, l’éléphant et le sanglier fuyaient, le chimpanzé grognait et le lion étonné s’écartait du chemin. Enfin les broussailles apparurent, puis la savane et les rôniers et, encore une fois, la horde entonna son chant d’exil :
''Mi houn Ano, Mi houn Ano, blâ ô Ebolo nigué, mo ba gnan min''
Mon mari Ano, mon mari Ano, viens, Les génies de la brousse m’emportent.
Harassés, exténués, amaigris, ils arrivèrent sur le soir au bord d’un grand fleuve dont la course se brisait sur d’énormes rochers. Et le fleuve mugissait, les flots montaient jusqu’aux cimes des arbres et retombaient et les fugitifs étaient glacés d’effroi. Consternés, ils se regardaient. Était-ce là l’Eau qui les faisait vivre naguère, l’Eau, leur grande amie ? Il avait fallu qu’un mauvais génie l’excitât contre eux. Et les conquérants devenaient plus proches. Et pour la première fois, le sorcier parla : « L’eau est devenue mauvaise, dit-il et elle ne s’apaisera que quand nous lui aurons donné ce que nous avons de plus cher. » Et le chant d’espoir retentit :
Ebe nin flê nin ba Ebe nin flâ nin nan Ebe nin flê nin dja Yapen’sè ni dja wali Quelqu’un appelle son fils ! Quelqu’un appelle sa mère ! Quelqu’un appelle son père ! Les belles filles se marieront !
Et chacun donna ses bracelets d’or et d’ivoire, et tout ce qu’il avait pu sauver. Mais le sorcier les repoussa du pied et montra le jeune prince, le bébé de six mois : « Voilà, dit-il, ce que nous avons de plus précieux. » Et la mère, effrayée, serra son enfant sur son cœur. Mais la mère était aussi la reine et, droite au bord de l’abîme, elle leva l’enfant souriant au-dessus de sa tête et le lança dans l’eau mugissante. Alors les hippopotames, d’énormes hippopotames émergèrent et, se plaçant les uns à la suite des autres, formèrent un pont et sur ce pont miraculeux le peuple en fuite passa en chantant :
Ebe nin flê nin ba Ebe nin flâ nin nan Ebe nin flê nin dja Yapen’sè ni dja wali Quelqu’un appelle son fils ! Quelqu’un appelle sa mère ! Quelqu’un appelle son père ! Les belles filles se marieront !
Et la reine Pokou passa la dernière et trouva sur la rive son peuple prosterné. Mais la reine était aussi la mère et elle put dire seulement « baouli », ce qui veut dire : l’enfant est mort. Et c’est grâce à la reine Pokou que le peuple garda le nom de Baoulé.      

Il y a longtemps, très longtemps, vivait au bord d’une lagune calme, une tribu paisible de nos frères. Ses jeunes hommes étaient nombreux, nobles et courageux, ses femmes étaient belles et joyeuses. Et leur reine, la reine Pokou, était la plus belle parmi les plus belles. Depuis longtemps, très longtemps, la paix était sur eux et les esclaves mêmes, fils des captifs des temps révolus, étaient heureux auprès de leurs heureux maîtres. Un jour, les ennemis vinrent nombreux comme des magnans. Il fallut quitter les paillotes, les plantations, la lagune poissonneuse, laisser les filets, tout abandonner pour fuir. Ils partirent dans la forêt. Ils laissèrent aux épines leurs pagnes, puis leur chair . Il fallait fuir toujours, sans repos, sans trêve, talonné par l’ennemi féroce. Et leur reine, la reine Pokou, marchait la dernière, portant au dos son enfant. À leur passage l’hyène ricanait, l’éléphant et le sanglier fuyaient, le chimpanzé grognait et le lion étonné s’écartait du chemin. Enfin les broussailles apparurent, puis la savane et les rôniers et, encore une fois, la horde entonna son chant d’exil :
''Mi houn Ano, Mi houn Ano, blâ ô Ebolo nigué, mo ba gnan min''
Mon mari Ano, mon mari Ano, viens, Les génies de la brousse m’emportent.
Harassés, exténués, amaigris, ils arrivèrent sur le soir au bord d’un grand fleuve dont la course se brisait sur d’énormes rochers. Et le fleuve mugissait, les flots montaient jusqu’aux cimes des arbres et retombaient et les fugitifs étaient glacés d’effroi. Consternés, ils se regardaient. Était-ce là l’Eau qui les faisait vivre naguère, l’Eau, leur grande amie ? Il avait fallu qu’un mauvais génie l’excitât contre eux. Et les conquérants devenaient plus proches. Et pour la première fois, le sorcier parla : « L’eau est devenue mauvaise, dit-il et elle ne s’apaisera que quand nous lui aurons donné ce que nous avons de plus cher. » Et le chant d’espoir retentit :
Ebe nin flê nin ba Ebe nin flâ nin nan Ebe nin flê nin dja Yapen’sè ni dja wali Quelqu’un appelle son fils ! Quelqu’un appelle sa mère ! Quelqu’un appelle son père ! Les belles filles se marieront !
Et chacun donna ses bracelets d’or et d’ivoire, et tout ce qu’il avait pu sauver. Mais le sorcier les repoussa du pied et montra le jeune prince, le bébé de six mois : « Voilà, dit-il, ce que nous avons de plus précieux. » Et la mère, effrayée, serra son enfant sur son cœur. Mais la mère était aussi la reine et, droite au bord de l’abîme, elle leva l’enfant souriant au-dessus de sa tête et le lança dans l’eau mugissante. Alors les hippopotames, d’énormes hippopotames émergèrent et, se plaçant les uns à la suite des autres, formèrent un pont et sur ce pont miraculeux le peuple en fuite passa en chantant :
Ebe nin flê nin ba Ebe nin flâ nin nan Ebe nin flê nin dja Yapen’sè ni dja wali Quelqu’un appelle son fils ! Quelqu’un appelle sa mère ! Quelqu’un appelle son père ! Les belles filles se marieront !
Et la reine Pokou passa la dernière et trouva sur la rive son peuple prosterné. Mais la reine était aussi la mère et elle put dire seulement « baouli », ce qui veut dire : l’enfant est mort. Et c’est grâce à la reine Pokou que le peuple garda le nom de Baoulé.  


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