Magazine Politique

René Fallet, un écrivain du peuple

Publié le 11 janvier 2008 par Pierre

Le roman “Pigalle”

3711020.jpg
Pigalle, publié en 1949, est l’un des tous premiers romans de René Fallet écrivain populaire français (Prix Interalliés en 1964 pour « Paris au mois d’août ») qui décèdera en 1983. Ami de Brassens, Carmet et Blachon entre autres mais aussi de la bouteille et du vélo, il a été un observateur talentueux et précieux de la société française des années 50-70 et il a décrit la banlieue de cette époque comme personne.

.

L’histoire en bref

A en croire son auteur, Pigalle est un roman médiocre qu’il aime peu et qu’il préfèrerait oublier. Peut-être est-ce parce qu’il a fait un bide à sa sortie… Soit, mais franchement, on peut aussi penser le contraire, ce livre est brillant, drôle et cynique à la fois. Le livre raconte, pendant la libération française, le glissement d’un jeune parisien un peu fainéant et de bonne éducation -Fred - vers le petit banditisme (3 tués tout de même dont un milicien au début du livre) le vol, la malhonnêteté mais aussi l’ennui. Il se retrouve rapidement propulsé chef d’une bande de petites frappes (Fred donc, Thierry, Tarin et Rocky) qui, logeant dans un bar-hôtel meublé de Pigalle dénommé « L’œil de bœuf », picolent beaucoup, volent un peu et ne font rien le reste du temps. L’histoire se déroule ainsi, au gré des opportunités de larcins, jusqu’à ce que Fred se fatigue de cet ennui mélancolique et de la vacuité de son existence.

.

René Fallet, un auteur en or

rene-fallet.jpg
Le talent littéraire de René Fallet est déjà ici manifeste, certains évoquent même un peu de Céline dans le ton et la narration. C’est un peu vrai. On retrouve avec plaisir, au hasard des pages, des formules qui n’appartiennent qu’à lui. Quelques exemples :
- « Trois ou quatre apéritifs avant chaque repas, l’arrosage de ceux-ci, au moins deux digestifs après le dessert, sans parler des hasards du jour. De quoi sourire et se tenir sur pied »
- « C’en est une qu’est venue dépoter son gluant ici »,
- « C’était trop drôle… Il allait coucher avec la préhistoire… Et la préhistoire paierait le taxi, lui offrirait un verre de crème de prunelle, lui sauterait au cou comme une légion d’honneur… Il l’embrassa sur la bouche. Par veine, elle avait encore toutes ses dents. »

.

Un écrivain que le cinéma s’arrache

la_soupe_aux_choux_1981_reference.jpg
René Fallet est un auteur à succès (Paris au mois d’août, le drapeau noir flotte sur la marmite, le beaujolais nouveau est arrivé, charleston…) et plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma, dont le célèbre « la soupe aux choux » avec le trio magique De Funès-Villeret-Carmet.  Son sens de la formuleBlaise, vieille rave, viens donc te rincer les chicots, vingt dieux de bouse »/Les vieux de la vieille) n’ d’aileurs pas manqué d’attirer les meilleurs dialoguistes tels que Michel Audiard .

les-vieux-de-la-vieille.jpg
 

Alors si vous voulez passer du bon temps avec un livre pas trop épais, drôle et un peu mélancolique sur l’amour, votez Fallet !

.

François


Retour à La Une de Logo Paperblog

LES COMMENTAIRES (1)

Par vigile lent
posté le 28 octobre à 23:13
Signaler un abus

Il y a bien cu Céline dans ce passage du roman Bulle ou la voix de l'océan de René Fallet "Dans la boutique du vieux Samuel, il n'était point commode d'apercevoir le vieux Samuel lui-même. Sans être nain, il était petit comme un nain, bossu, crochu, tordu, jaune et fripé. Une calotte noire recouvrait la pomme blette de son crâne. Il avait la voix de la scie à bûche et le regard aimable du faucon crécerelle. C'était à la façon des rats qu'il filait entre les meubles, les coffres, les habits, les mappemondes, les squelettes de crocodiles et les autres bizarreries de son commerce louche. Saint-Malo la Potence entra, et le vieux Samuel vint le renifler d'assez près. -Que viens-tu m'acheter matelot, gargouilla-t-il. -Rien, vieux Samuel. Je viens te vendre quelque chose d'inestimable. -Inestimable ? Voilà qui me surprendrait, matelot. Tout s'estime, et tout a un prix, les buffets, les vertus, les bottes et les consciences. .../... On raconte qu'un matin le vieux Samuel ne se réveilla pas. On raconte aussi qu'il avait avalé une à une toutes ses pistoles pour que les voleurs ne les trouvent jamais."

A propos de l’auteur


Pierre 381 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines