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Des surhommes

Publié le 12 décembre 2010 par Malesherbes

Les faits : sept policiers ont été poursuivis à Bobigny pour avoir porté de fausses accusations contre un homme. Trois d'entre eux l’étaient également pour "violences aggravées", l'homme accusé à tort ayant reçu des coups après son interpellation.

Le jugement : Ils ont été reconnus coupables, vendredi 10 décembre, de "dénonciation calomnieuse" et "faux en écritures" et condamnés à des peines allant de six mois à un an de prison ferme.

Une réaction : Notre ministre de l'intérieur a osé dire, le soir même : "Ce jugement, dans la mesure où il condamne chacun des sept fonctionnaires à une peine de prison ferme, peut légitimement apparaître, aux yeux des forces de sécurité, comme disproportionné", poursuivant ainsi : "Notre société ne doit pas se tromper de cible : ce sont les délinquants et les criminels qu'il faut mettre hors d'état de nuire".

Une autre réaction : Roger-Gérard Schwartzenberg fait remarquer que le ministre de l'intérieur a ainsi clairement "enfreint la Constitution ", qui interdit à l'exécutif de s'immiscer dans le fonctionnement de l'autorité judiciaire, "et le code pénal", en son article 434-25, selon lequel "le fait de chercher à jeter le discrédit publiquement sur une décision juridictionnelle dans des conditions de nature à porter atteinte à l'autorité de la justice ou à son indépendance est puni de plus de 6 mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende".

Jusques à quand laissera-t-on ce personnage indigne miner sans cesse les principes sur lesquels notre République est bâtie ? On forge des lois selon lesquelles la vie d’un policier est tellement plus précieuse que celle d’un autre citoyen qu’il faille punir plus sévèrement quiconque y attente. Je n’en suis pas convaincu mais, si l’on adopte ce point de vue, on ne peut rejeter son corollaire, à savoir que les fautes des policiers doivent être sanctionnées plus sévèrement que celles du commun des mortels. Il m’arrive parfois de me voir couper la route sur un passage pour piétons par une voiture de police non en intervention. Pensez-vous que je sois assez imprudent pour manifester mon mécontentement ?

Les policiers sont prompts à brandir le nombre de leurs morts en service. Comme tout autre travailleur, un policier doit pouvoir rentrer sain et sauf chez lui son travail accompli. Mais c’est aussi le cas des voyageurs de commerce victimes d’accidents de la route, des terrassiers pris sous des éboulements, des marins perdus en mer et de toutes les professions sujettes à des accidents du travail. Et, outre les policiers, il y a des professionnels qui, eux aussi, ont pour mission de risquer leur vie pour les autres, les pompiers, les soldats, les diverses catégories de sauveteurs, en mer, en montagne, et j’en oublie sans doute.

On peut, non pas comprendre, mais expliquer l’attitude d’un Hortefeux : quand un régime voit le soutien du peuple disparaître, il n’a plus qu’un rempart, sa police. Il est donc vital pour lui de la cajoler.


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