La soupe, la soupe, qu'est-ce qu'elle a fait de moi la soupe !

Si les Garçons Bouchers chantaient la bière, nous, nous revendiquons la soupe. Naturelle si possible (ce qui sous-entend : pas en sachet (et oui, une fille, les légumes ne poussent pas qu’en barquettes ou sous forme de poudre lyophilisée (ndr : je précise cela pour nos amis Parisiens))). D’usage ancestral, elle soigne et nourrit, réconforte et aide à la digestion. Assemblage plus ou moins bancal de légumineux hétéroclites, elle soulage après l’effort et fait grandir les plus petits (croyance populaire hélas démentie par l’expérimentation). On en trouve trace jusque sur les murs peints de Lascaux où plusieurs plantigrades sont représentés priant autour d’un chaudron. Connue des Grecs anciens qui s’en servaient d’onguent, elle réapparait au Moyen-âge sous l’impulsion des Jésuites Franciscains de l’abbaye de Cîteaux, en Corrèze. Servie brûlante aux condamnés, elle était alors synonyme de repentance. Puis vint le siècle des lumières. Avec l’invention du réfrigérateur par Augustin Frigo (1524-1633), sa diffusion s’accélère. On en parle à la cour. Tout le monde veut y goûter. Le réchaud à gaz scellera définitivement sa prédominance sur les autres boissons chaudes injustement traitées de tisanes par les mal embouchés. On rapporte même qu’à l’issue d’un conseil des ministres, Napoléon 1er s’en serait fait servir un plein bol. Il aurait alors eu ce mot, aujourd’hui entré dans l’Histoire, « du haut de cette assiette creuse, quinze siècles de jardinage me contemple ». La suite, tout le monde la connaît. Après une période de méfiance due à la découverte de restes humains dans une bassine au 15 de le Rue Quincampoix, la soupe refait surface avec la seconde guerre mondiale où elle est utilisée par les alliés pour démoraliser les troupes ennemies. Forte de sa victoire, elle s’étend alors au monde entier. Churchill, fervent défenseur de la soupe aux poireaux, ne fut d’ailleurs pas étranger à ce succès. S’en suivent les variantes Asiatiques que l’on connaît aujourd’hui ainsi que les versions Indiennes à base d’os de vache sacrée (un sacrilège, je sais, mais c’est tellement bon). De nos jours, la soupe, injustement méprisée par les bobos toujours en mal de reconnaissance, sert essentiellement à soigner les malades. On peut toutefois noter la découverte d’une variante en plastique qui devrait, si les méthodes mercantiles en vigueur font bien leur boulot, assurer à la soupe un bel avenir.
C’était notre minute informative à l’attention des cuistres et des malpolis. Merci de votre attention.
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