Le cavalier suédois de Léo Perutz

On dit de Perutz que c’est un Kafka picaresque. Cet auteur juif natif de Prague a publié en 1936, à une époque charnière de l’histoire, ce chef d’œuvre. Pendant qu’en Europe Orientale, le jeune et batailleur roi Charles XII de Suède tente de se tailler un empire, un officier déserteur et un voleur échangent leur identité. L’histoire à la construction remarquable s’attache aux pas du voleur, toujours en quête d’un bonheur à terme inatteignable. Peut-on échapper à son destin ? Sur le thème de la substitution d’identité, c’est le mystère insondable de nos vies et de nos destins qui est mis en avant. Polar fantastique, XVIII ème siècle à l’atmosphère lourde et mystérieuse, romanesque à souhait et riche en symboles, ce roman envoûtera chaque lecteur. Récit haletant, sur fond de légendes et de superstitions, il le tiendra en haleine jusqu’à la fin. Comme dans un champ de bataille, ce roman comporte trois lieux clés, chacun hautement symbolique : les forges de l'évêque, le moulin hanté et le domaine de Tornefeld, qui représente chacun l'enfer, le purgatoire et le paradis et vécu exactement inversement par les deux personnages qui échangent leur identité. Une fin magistrale clôture cette merveille.