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Bayrou veut produire en France

Publié le 12 décembre 2010 par Lheretique

J'ai bien enregistré les trois priorités de François Bayrou et du MoDem, qui sont aussi les miennes :

- bâtir la meilleure éducation du monde

- promouvoir une Europe refondée

- relocaliser l'industrie et les services en France.

C'est le dernier point qui m'intéresse (les autres aussi, mais j'en reparlerai plus tard). Cela va être difficile. Très difficile. A l'heure actuelle, je ne vois que quatre leviers à actionner

a) la fiscalité : en instaurant une TVA sociale, on réduit le poids du coût de la main d'oeuvre dans le prix total du produit. Inconvénient : les Français sont-ils prêts à en payer le prix car inévitablement une hausse des prix s'ensuivra, d'autant que pour être efficace, cette hausse de la TVA doit être relativement forte (minimum 5 points).

b) les aides : beaucoup d'entreprises ont bénéficié d'aides parfois très importantes des collectivités ou de l'État quand elles se sont engagées à implanter des industries en France, créant en théorie des emplois. On peut appliquer le principe du remboursement intégral de toutes les aides apportées quand les engagements ne sont pas tenus, y compris celles issues de baisses de fiscalité dans les zones franches.

c) les libéraux vont faire une crise cardiaque quand ils vont lire ce qui suit : re-créer des champions nationaux publics tels qu'il en a existé par le passé en France, avec évidemment force investissement. Cela correspond bien aux traditions planificatrices françaises, mais la Commission européenne va ruer dans les brancards si jamais les investissements de l'État dans les dites entreprises peuvent s'apparenter à des subventions cachées, et donc, aboutissent à fausser radicalement la concurrence.

d) la voie fort risquée qu'indique Corine Lepage dans son Vivre autrement : une révolution pour promouvoir une industrie verte. Inconvénient : cela a un coût faramineux que je doute que notre état endetté puisse supporter, et on n'a aucune certitude absolue sur ce qui en sortira.

Pas simple. Je sais que Bayrou travaille d'arrache-pied sur le sujet pour pouvoir proposer des solutions concrètes aux Français à l'aube de 2012. Une mission sénatoriale est également en cours sur le sujet depuis mai 2010, mais, à l'heure actuelle, elle est encore moins avancée que le MoDem.

Mon sentiment, à l'heure actuelle, est que nous ne pouvons guère continuer à nous développer sans recycler. Les matières premières ne sont pas inépuisables, et leur valeur est sujette à de fortes variations ; en outre, elles nous maintiennent dans un état de dépendance géostratégique vis à vis de nations qui sont très loin de nous être bienveillantes.

Une économie du recyclage allégerait au moins les coûts de transport, dans le calcul des coûts finaux, et générerait par son seul principe tout un espace de nouveaux emplois. Le problème, toutefois, est à mon avis relativement similaire à celui de la TVA sociale : il faut que le recyclage ne fasse pas piquer du nez nos porte-feuilles quand il faudra régler l'addition finale.

A l'heure actuelle, nous n'en sommes qu'à une forme peu fonctionnelle et très primitive de recyclage, puisque nous nous contentons d'incinérer les déchets pour produire de l'énergie. Or, l'idée, ce serait de mettre en place tout un circuit économique pour chaque produit, du type "consigne", qui permettrait de tout recycler pour réutilisation. Pour que cela marche, il ne faut pas compter sur le civisme citoyen, mais il faut que les citoyens qui recyclent soit individuellement gagnants. C'est bien pour cela que j'évoque le principe de la consigne, idée qui a été un temps appliqué avec les consignes sur les bouteilles en verre, jusqu'à la fin des années 80 (on ramenait une bouteille et on recevait de l'argent en échange).

C'est toute une organisation à penser en amont, et pas en aval. Le recyclage est coûteux, parce que les objets produits en amont ne sont pas (ou peu conçus) pour être facilement recyclables. C'est donc à la conception qu'il faut agir.

In fine, il est nécessaire, pour que cela marche, de parvenir à un circuit économique où l'on recycle non parce que c'est écolo, mais tout simplement parce que c'est le plus rentable. 

Si l'idée de la relocalisation c'est de produire sur place, ce que souhaite François Bayrou, à mon avis, le recyclage sur place des déchets en est une dimension importante. 


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