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Droopy

Publié le 13 décembre 2010 par Malesherbes

Le remaniement ministériel intervenu le mois dernier avait fait croire un instant qu’on était enfin revenu à un fonctionnement normal des institutions de la Cinquième république, avec un premier ministre qui gouverne. Libération s’était même permis de titrer : « Fillon garde Sarkozy », ce qui avait vraisemblablement dû profondément irriter le Président de la République.

Las, fol espoir ! Après l’annonce de la condamnation à de la prison ferme de policiers qui n’ont rien à faire dans ce corps, notre ministre de l’Intérieur a fait une déclaration qui tombe sous le coup de l’article 434-25 du Code pénal. Le ministre de la Justice a alors apporté un soutien minimum aux juges mis en cause en déclarant : « A Bobigny, la justice a fonctionné, la procédure suit son cours ». Brice Hortefeux a indiqué dimanche soir sur I-télé qu’il « confirmait, revendiquait et assumait » ce qu’il avait dit plus tôt. Qu’attendent donc tous ces amoureux du droit, si prompts à brandir les foudres de la loi lorsqu’un citoyen quelconque faillit, pour poursuivre ce ministre indigne ?

Lundi en fin de journée, devant des préfets, François Fillon a qualifié les faits reprochés aux sept policiers d'«injustifiables». Il a souligné que « l'honneur de la police exige un comportement exemplaire » et que «le respect dû à la justice est l'un des fondements de l'Etat ». Bel effort de notre Droopy accomplissant enfin, après plus de trois ans, un certain effort pour se hisser au niveau de sa fonction. Mais il manque un peu de muscles : en 1974, le Premier ministre Jacques Chirac avait sans hésiter démissionné son ministre des Réformes, Jean-Jacques Servan-Schreiber, qui avait publiquement manifesté son opposition à la reprise des essais nucléaires.

Depuis, plutôt piteusement, François Fillon a apporté un bémol à sa déclaration précédente. Il l’a peut-être fait spontanément, reprenant le pli pris depuis sa nomination à la tête (vraiment ?) du gouvernement ou bien après une sévère admonestation de notre souverain. Un collaborateur ne s’attaque pas à un ami du Président. Quoi qu’il en soit, le voilà remis à sa place, celle d’un valet.

Maître Eolas a publié sur son blog un ahurissant communiqué de presse de Synergie officiers, publié après le jugement de Bobigny. Il le fait suivre d’un commentaire, que je vous livre ici, certain que vous en apprécierez tout le sel : « Je suis naturellement solidaire de ces policiers face à l’acharnement de la justice à leur encontre. Si on ne peut plus accuser un innocent d’un crime passible de la perpétuité pour couvrir les conneries d’un collègue, où va la République ? En plus, si j’en crois ce communiqué, ils étaient sincèrement convaincus que cet innocent accusé par eux allait être remis dehors à tour de bras. Comme quoi ils étaient de bonne foi. »


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