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Légalisation du poker en ligne en France et en Italie: Impacts sur les marchés internationaux

Publié le 14 décembre 2010 par Alain Dubois

Frontière France-ItalieLa France et l’Italie ont choisi un modèle de légalisation du poker en ligne différent de celui adopté par la Suède, l’Autriche et maintenant le Québec. Au lieu de créer des sites étatiques, ces deux pays ont proposé aux compagnies internationales d’acquérir des permis d’exploitation aux conditions imposées par l’état, notamment un partage des profits. Les compagnies doivent alors créer une filiale séparée limitant le pool des joueurs au territoire national. En retour, les gouvernements bloquent l’accès aux concurrents non licenciés. Quels impacts peut-on déceler?

Précisons d’abord quatre dates.

  • En France, l’ARJEL émet des permis de jeu en ligne depuis le 8 juin 2010. Auparavant, le jeu en ligne était probablement illégal.
  • En Italie, le poker en ligne est devenu légal le 1 septembre 2010. D’autres types de jeu en ligne existaient déjà légalement.
  • Attendue depuis octobre 2006, la réglementation de l’UIGEA, aux États-Unis, est entrée en vigueur le 1 juin 2010. Depuis, l’interdit n’est plus autant contesté.
  • Devant opérer le réseau commun de poker en ligne du Québec, de la Colombie-Britannique et des provinces maritimes, GTech annonce le 24 septembre 2010 que sa filiale (le réseau international IPN) n’acceptera dorénavant plus de clients canadiens.

À noter : Survenues en même temps, la période estivale, la légalisation en France et la réglementation de l’UIGEA confondent leurs effets. La légalisation en Italie est survenue en même temps que le retour des vacances.

En France, la taxe est très élevée. Les principaux réseaux de poker y sont néanmoins présents, sauf IPN. PokerStars s’impose comme leader, mais Full Tilt Poker ne rivalise pas encore avec PartyPoker, Ongame, EverestPoker ou Winamax. Copropriété du chanteur bien connu et champion de poker, Patrick Bruel, winamax est un nouveau site typiquement français.

Poker Légalisation France-Italie 01

En Italie, la taxe suscite moins de controverse. Filiale de la compagnie italienne Lottomatica, IPN y est installé de même que plusieurs autres réseaux parmi les plus importants, sauf Full Tilt Poker. Là aussi, PokerStars fait figure de leader, mais Microgaming n’est pas loin. Étonnamment, dans un marché qui devrait être le sien, IPN est avant-dernier selon les critères de marché de pokerscout.com.

La figure suivante présente la moyenne, sur 7 jours, du nombre maximal de joueurs quotidien (24h Peak) pour les deux principaux réseaux mondiaux. Ce sont les données internationales, et non celles des filiales françaises ou italiennes. Encore une fois, merci à pokerscout.com.

Poker Légalisation France-Italie 02

À l’automne, la clientèle de PokerStars est revenue au niveau du printemps. La diminution estivale pourrait être surtout attribuable aux vacances. C’est étonnant car l’importance actuelle du marché français de PokerStars aurait dû entraîner un fléchissement d’environ 9% du site international. La pointe du 22 septembre s’explique par un événement spécial. À cette occasion, PokerStars a ajouté plusieurs lots d’importance jusqu’à la réalisation de la 50ième milliardième main de poker.

En ce qui concerne Full Tilt Poker, on n’observe pas de diminution résultant de la légalisation ni en France, ni en Italie. Full Tilt Poker n’est pas licencié en Italie.

La figure suivante présente la variation de la clientèle des deux sites de poker étatiques européens : Svenska Spel (Suède) et win2day (Autriche), tous deux opérés à partir de la plateforme de GTech. Parce que ces sites opèrent uniquement à l’intérieur de leur territoire, ils ne sont pas influencés par la légalisation en France ou en Italie. On n’y constate pas, non plus, d’impact de la période estivale.

Poker Légalisation France-Italie 03

En contrepartie, le réseau IPN subit une importante baisse de clientèle à partir du début de juin. À l’automne, cette perte n’est quasiment pas récupérée. Le réseau IPN n’est pas licencié en France et n’a pas beaucoup de succès en Italie. Ces données ne permettent pas d’établir une causalité claire, mais force est de constater que les données internationales du réseau IPN montrent une réponse à la perte du marché français et à l’ouverture légale du marché italien.

Par ailleurs, le blocage des clients canadiens, par le réseau IPN, ne semble pas avoir eu un impact sur la clientèle internationale. Vraisemblablement, le produit d’IPN n’est pas un favori des Canadiens.

Enfin, cette dernière figure présente les données du réseau iPoker qui est, à l’international, le principal concurrent du réseau IPN à l’intérieur du marché laissé vacant par les deux sites dominants. Le réseau iPoker ne performe pas bien en France, mais tire mieux son épingle du jeu en Italie.

Quoi conclure? La légalisation en France et en Italie ne semble pas avoir eu l’impact négatif anticipé sur le volume international des clientèles des deux sites dominants. On croit néanmoins déceler un impact négatif sur les réseaux de moindre importance. C’est peut-être parce qu’IPN et iPoker ont davantage une clientèle européenne que véritablement internationale.

Si PokerStars et Full Tilt Poker conservent leur marché international, la question qui se pose est la suivante : à quel point les joueurs des marchés locaux de PokerStars et de Full Tilt Poker sont-ils constitués d’anciens et de nouveaux joueurs en ligne? La question est ouverte!

Photo : Frontière France-Italie


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