Une enquête en conditions réelles sur l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé

Le mardi 8 février aura lieu à l'IRDES un séminaire intitulé « Le recours à l’Aide Complémentaire Santé :les enseignements d’une expérimentation sociale à Lille »

L'objet de ce séminaire s'attache à déterminer les raisons qui pourraient expliquer le faible recours des Français au dispositif de l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé. Le dispositif de l'ACS après 5 ans d'existence ne semble pas en effet avoir atteint ses objectifs concernant les publics initialement visés. Pour être éligible à L'ACS, le niveau de ressource ne doit pas excéder de plus de 20% le plafond de la CMU, l'ACS a donc été créée au départ pour atténuer au moins pour partie les effets de seuils induit par le plafond CMU (en introduisant bien sûr au passage un autre effet de seuil).

Deux hypothèses, et trois scénarios…

Actuellement deux hypothèses sont avancées pour justifier le faible recours des Français à l'ACS :La première postule une carence d'information sur l'existence du dispositif, et la seconde l'insuffisance du montant de l’aide, qui rendrait le coût d'une complémentaire trop cher, même en bénéficiant de l'aide.Afin d'en savoir un peu plus, nos économistes ont dont procédé à une étude « en condition réelle » à  la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de Lille en 2009.  Trois groupes d’assurés potentiellement éligibles au dispositif ont été testés sur la base de trois scénarios différents :- Au  premier était proposé le montant actuel de l'ACS - Au deuxième une proposition d’aide majorée - Au troisième groupe, une proposition d’aide majorée ainsi qu'une invitation à une réunion d’information sur le dispositif.

Les conclusions sont les suivantes :
- D'abord l'augmentation du montant de l'aide a « un effet faible mais significatif sur le recours à l’ACS », (j'aimerais connaître le montant de cette majoration.
- étonnamment (selon les enquêteurs) l’invitation à la réunion d’information semblerait annuler l’effet de la majoration du chèque (on aimerait bien sûr savoir dans quelle proportion).
- Le fait d'assister à la réunion augmente par contre de manière significative la probabilité de retourner un dossier de demande. (Difficile cependant à mon sens de ne pas voir dans ce constat un « biais d'étude » : C'est parce que les personnes assistants à la réunion sont au départ plus motivées qu'elles y assistent, et c'est cette motivation initiale (et non le fait d'assister à la réunion !) qui expliquerait le plus grand nombre de souscriptions de ces personnes…

Des conclusions peut-être discutables…

Pour les économistes de l'IRDES, la question centrale du non recours à l’ACS ne serait pas celle du coût de la Complémentaire santé, mais « plus certainement celle de l’accès à l’information et celle du coût et de la difficulté des démarches, comme le confirme les premiers résultats de la post enquête. »
Cette conclusion me laisse quant à moi fort sceptique bien évidemment. On comprend mal alors si telle était bien l'explication pourquoi le recours à la CMU-C aurait lui autant de succès par exemple… L'explication d'un ratio Difficulté-coût / bénéfice escompté serait peut-être plus pertinente… L'étude aurait d'autre part peut-être gagné en pertinence et en intérêt en testant plusieurs valeurs de majoration…
http://www.irdes.fr/EspaceRecherche/Seminaires.html

Les infos en plus :

Les litiges avec les assureurs, l'utilisation du médiateur dans les assurances complémentaires santé
(avec à la suite un autre article sur la saisine de l'autorité de contrôle prudentiel)
http://informationcomplementairesante.20minutes-blogs.fr/archive/2010/12/14/litiges-avec-les-assureurs-la-mediation-dans-les-complementa.html

Un article sur la couverture du risque santé en France sur la base d'une publication de l'IRDES
http://actumut.20minutes-blogs.fr/archive/2010/12/14/la-couverture-du-risque-en-sante-en-france.html