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Compte-rendu de réunion – La démocratie est-elle en danger?

Publié le 10 octobre 2010 par Nancy-Mosaïque

Compte-rendu de réunion – La démocratie est-elle en danger?Pour la première réunion de notre association Nancy-Mosaïque officiellement proclamée le 11 septembre 2010, la réussite a été totale. Salle comble en effet au Lez’Art  ce lundi 4 octobre où cinquante sympathisants – sans compter les « adhérents » déclarés – se sont retrouvés pour écouter Franck COSSON, docteur en philosophie politique, traiter du sujet fort épineux : « la démocratie est-elle en danger? ». Succès tel que, malgré l’extrême bonne volonté de nos hôtes accueillants, nombreux furent ceux qui ne purent trouver place assise; je m’en excuse auprès d’eux, tout en renouvelant mes remerciements les plus chaleureux à Patrice Marchand et à son équipe.

Pour revenir au cœur du sujet, comment retracer les propos de notre conférencier sans risque de les déformer? Je me bornerai dans un premier temps à souligner que derrière une présentation d’apparence académique, la réalité crue des mots et des pensées qu’ils traduisent a rapidement pris le dessus.

 Nous ayant expliqué que, selon lui, la démocratie est le produit de trois facteurs que sont d’abord l’affirmation d’une autonomie des droits des citoyens, puis la construction d’un modèle étatique perçu comme impersonnel et lointain, enfin une évolution historique qui a conduit Karl Popper à comparer la société démocratique à une société « ouverte », en quête d’avenir, Franck COSSON en est venu à souligner les paradoxes dans lesquels notre société se trouve à présent « enfermée » : le premier d’entre eux se situe sans doute au niveau de la reconnaissance d’une légitimité d’accès aux droits qui se traduit finalement en individualisme exacerbé, lequel s’exprime au détriment d’une vision « commune » – le mieux vivre ensemble – sur laquelle devrait reposer une authentique démocratie censée œuvrer pour le bien commun – société au sein de laquelle le « je » a priorité sur le « nous » et qui produit une publicité bien connue du style :  »viens comme tu es … » – ; le second tient au fait que le régime politique le mieux adapté à la démocratie, qu’on appelle « République », se trouve lui-même en crise du fait de certaine abdication de son rôle premier, à savoir un régime porteur de médiation et conciliation entre les citoyens et leurs intérêts catégoriels.

 Le signe même de cette abdication tient dans le fait que l’État se comporte aujourd’hui plus comme  »gestionnaire » d’une société dont les aspirations profondes lui apparaissent mineures que comme véritable « acteur » d’une politique dynamique.

 Culture du résultat immédiat à prétention « économique » – trouvant une expression parmi d’autres au travers de la mise au point de « primes modulables » dans la fonction publique, par exemple – contre culture d’un « futur souhaitable » pour notre société.

A cet égard, le citoyen apparaît être placé « sous tutelle »  permanente, voire tatillonne, de l’État sans trouver l’espace et le temps – ni la volonté? – qui lui permettent de prendre véritablement part au débat politique. Se pose d’ailleurs ici la question de l’absence « d’instances délibératives » adaptées ou pertinentes pour lui permettre justement cette participation typiquement « démocratique ».

 S’ajoute à ce constat plutôt attristant pour ne pas dire inquiétant, celui d’un État capable de renier ses propres engagements par souci de complaire à certains et là encore au détriment de l’intérêt général. Et comme si cela ne suffisait pas, on assiste jour après jour à une « orchestration démocratique » qui n’est que pure mise en scène destinée à déformer les mises en perspectives.

 J’insiste ici pour dire que c’est là la traduction – sans doute fort approximative et déformée – que je fais personnellement des propos de Franck COSSON.

 Comme il se doit, le deuxième temps fut consacré au débat avec la salle. Impossible pour moi d’en restituer le cœur sous peine cette fois d’en trahir tout-à-fait la teneur. Tout juste pourrai-je dire qu’il fut tout à tour question – dans le désordre – du rôle formateur à la citoyenneté que l’école devrait remplir et qu’elle ne remplit plus (?), d’une société largement inspirée par un libéralisme débridé placé sous l’angle du profit égoïste, d’une démocratie « d’élection » qui ne rime pas forcément avec la « démocratie d’opinion », du cadre institutionnel peut-être inadapté dans lequel se déroule l’action politique – le retour de l’Etat-Nation sur le devant de la scène constitue-t-il le cadre le mieux adapté pour un débat politique  »citoyen » ou encore le citoyen trouve -t-il dans l’Etat-Nation l’interlocuteur qui puisse répondre à sa légitime attente? -, la confiscation par les partis politiques de l’expression « souveraine » des parlementaires au nom d’une « discipline de parti » où l’on voit tel ou tel d’entre eux voter même à l’encontre sa conviction personnelle…

Bref.. Après avoir introduit le sujet en affirmant d’emblée que  » la démocratie n’était pas en danger », Franck COSSON devait convenir lui-même à l’issue du débat, pour le déplorer et s’en inquiéter, que notre société – indépendamment de ou malgré sa forme républicaine – était bel et bien en crise, en recherche d’elle-même. Situation qui n’est pas sans favoriser les tensions les plus extrêmes.. Et dangereuses. Il ne s’est trouvé personne pour le contredire sur ce point…!

A bientôt à tous dans un lieu et à une date qui vous seront prochainement indiqués..

Tous ceux qui souhaitent continuer de partager l’aventure de « Nancy-Mosaïque », y seront les bienvenus…

Gilles LUCAZEAU


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