Magazine Focus Emploi

Wikileaks : les traducteurs et interprètes aussi

Publié le 15 décembre 2010 par Tradonline

Ou comment les révélations de Wikileaks mettent en lumière les dangers du métier dans les zones de conflit

Vous croyiez que traducteur c'était travailler confortablement à domicile et aux horaires que l'on veut ? Qu'interpréter c'était être derrière un écran ou un téléphone ? Certes c'est parfois le cas, mais il y a également des gens qui risquent leur vie pour permettre la communication entre deux personnes de langue différente, notamment en temps de guerre. C'est ce que dévoile Wikileaks (qu'on ne présente plus) dans ses "Iraq war logs" concernant les traducteurs et interprètes iraquiens employés par les troupes danoises (l'info est relayée par The Guardian).

On y apprend que les interprètes iraquiens travaillant pour les forces de coalition étaient systématiquement torturés et tués par les insurgés, et que côté danois on n'a rien fait pour les protéger ; par exemple, ils n'étaient pas autorisés à rester dans le camp danois la nuit s'ils n'étaient pas en service. Comme le dit l'un de ces traducteurs : "Nous étions des cibles vivantes. Les insurgés nous considéraient comme des traîtres et croyaient que l'on détenait des informations qu'ils pouvaient utiliser. Ils nous traquaient en permanence." Le sort des interprètes iraquiens fit beaucoup de bruit en 2007, suite au refus initial ministre de la défense danois de leur accorder l'asile politique – cette décision a été heureusement renversée suite à l'intense pression médiatique qui a suivi l'annonce de la mort de deux interprètes employés par les forces danoises.

Signalons l'initiative de Maya Hess avec le projet Red T (sur le modèle de la Croix Rouge), grande campagne de sensibilisation destinée à combattre l'association "traducteur = traître" et à faire en sorte que les interprètes dans les zones de conflit soient reconnus comme des humanitaires. Il existe une page Facebook à laquelle vous pouvez adhérer ici.

Depuis mai de cette année 2010, il y a également une déclaration de l'assemblée parlementaire du conseil de l'Europe qui appelle les Etats membres à :

- assurer une meilleure protection des interprètes, pendant et après les conflits ;

- appliquer scrupuleusement les rares dispositions de droit international existantes pour mieux protéger les interprètes, notamment en les assimilant à d’autres catégories de personnel mentionnées dans les Conventions de Genève ;

- souligner la neutralité et l’impartialité des interprètes, dont la sécurité devrait être assurée dans les zones en conflit, au même titre que celle du personnel du CICR.

Ce document est le premier à reconnaître publiquement les circonstances difficiles dans lesquelles travaillent les interprètes et à signaler une volonté politique de prendre des mesures. Il reste encore du chemin, mais c'est un début !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Tradonline 735 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine