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Culture : Nicolas Sarkozy au-dessus des lois

Publié le 15 décembre 2010 par Hmoreigne

 Le mélange de la politique de la culture et des affaires est explosif, à l’image du feuilleton “des manuscrits coréens”. Au départ, une expédition punitive française au 19e siècle en Corée qui ramène dans ses bagages 296 manuscrits. Ceux-ci dorment tranquillement dans les fonds des Archives nationales jusqu’au jour où les Coréens en 1993, à l’occasion de discussion pour l’acquisition du TGV demandent leur restitution. Au nom des bonnes relations diplomatiques,François Mitterrand remet alors à Séoul un seul original.

L’affaire rebondit lors du G20 de Séoul. Nicolas Sarkozy promet, sous l’habillage d’un prêt permanent, la restitution de la collection conservée aujourd’hui à la BNF. Cette décision impulsive et illégale s’assoit sur le principe d’inaliénabilité des collections françaises et créée un dangereux précédent.

Il est comme ça notre Président, incohérent. Capable à la fois de clamer son refus de céder aux adeptes de la repentance et, dans le même temps, de brader des éléments du patrimoine national pour s’attacher les faveurs de ses homologues.

“Le geste d’amitié”, du même ordre que celui de François Mitterrand en son temps relève du fait du prince. Ni plus ni moins.

A la différence de son successeur, François Mitterrand était un homme cultivé qui aimait les livres. Nicolas Sarkozy, homme d’images n’en a que faire. Alors qu’entre les deux présidents les avancées technologiques en termes de numérisation sont conséquentes et auraient pu être privilégiées, le Chef de l’Etat fait le ménage à sa façon en renvoyant la caisse avec ce qui ressemble à un mot d’excuse.

Les défenseurs de l’initiative présidentielle avancent que c’est un geste exceptionnel qui n’a pas vocation à faire jurisprudence. L’argument ne vaut que pour ceux qui l’avancent quand les demandes de restitution se multiplient. Il relève d’une conception selon laquelle les œuvres étrangères acquises aux détours de l’histoire par des épopées guerrières n’ont finalement pas leur place dans les musées français, qu’elles appartiennent aux peuples des territoires dont elles sont le fruit.

A l’inverse, on peut considérer qu’un bien culturel appartient au patrimoine universel et que sa conservation peut être délocalisée.

La repentance, c’est le premier élément avancé pour la restitution des manuscrits considérés comme des biens mal acquis. A cette aune, les souvenirs ramenés par le général Bonaparte à l’issue de sa campagne d’Egypte sont-ils plus légitimes ? Sans doute pas. Derrière la question de la restitution, se pointe la remise en cause de notre histoire et de la colonisation.

La décision de l’Elysée d’enfreindre le principe d’inaliénabilité des collections publiques a suscité le courroux et l’inquiétude des conservateurs de la Bibliothèque nationale de France (BNF) qui comme seule défense ont lancé une pétition condamnée à rester relativement confidentielle entre initiés.

Le principe de l’inaliénabilité remonte à la Révolution et a été officialisé par la loi sur les musées, en 2002. En outre l’Elysée ne s’est pas embarrassé de faire déclasser les ouvrages par une commission comme c’est la règle, il a préféré recourir aux ficelles grossières d’un prêt de longue durée. Nicolas Sarkozy n’est pas le seul responsable. De nombreux observateurs pointent dans cette affaire le rôle central du très controversé Jack Lang, toujours à l’affût d’une faveur du Prince du moment.

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