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Politique étrangère : les (mauvaises) habitudes perdurent

Publié le 09 janvier 2008 par Pierre

La politique étrangère de Sarkozy marque-t-elle une rupture par rapport à ses prédécesseurs ?
Ventes d'armes à la Libye, à l'Egypte, de centrales nucléaires au Maroc ou en Algérie... Sarkozy inscrit en fait son action dans une longue tradition de cynisme, inaugurée à partir de l'arrivée au pouvoir de De Gaulle.

Politique étrangère : les (mauvaises) habitudes perdurent
D'abord, l' après-décolonisation. Dès 1960, et l'accession à l'indépendance des anciennes colonies africaines, se met en place un véritable système clandestin de soutien à des régimes corrompus et / ou dictatoriaux. De Gaulle, ses services (le SDECE, ancêtre de la DGSE) et son homme de main (Jacques Foccard) vont multiplier les implications dans divers épisodes sanglants :

  • Implication dans la " guerre spéciale " au Cameroun entre 1962 et 1964 (300 000 à 400 000 victimes),
  • Guerre secrète entre 1958 et 1973 pour déstabiliser le pouvoir guinéen,
  • Soutien aux responsables du génocide rwandais en 1994,
  • Soutien militaire massif à la province du Biafra (en sécession avec le Nigeria), lors de la guerre du Biafra en 1968-1969. Les sommets de l'hypocrisie et du cynisme sont d'ailleurs atteints en 1969, lorsque l'Elysée et les services de Jacques Foccard poussent l'ORTF à organiser une grande soirée télévisée de solidarité pour le Biafra, avec appel à la générosité du public,
  • Etc (la liste est longue).

Politique étrangère : les (mauvaises) habitudes perdurent
Plus globalement, afin de préserver son empire déliquescent et ses intérêts économiques, la France a, plus ou moins ouvertement, apporté pendant plusieurs décennies un appui inconditionnel aux pires des dictateurs africains : Hassan II (Maroc), Tombalbaye (Tchad), Bokassa (Centrafrique), Mobutu (Zaïre)... ce qui signifie ventes d'armes, liquidations d'opposants et accords économiques en tous genres.

De Gaulle a montré la voie, mais Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac ont ensuite sagement marché dans ses traces.
Durant les années 1970, 1980 et 1990, on ne compte pas les pratiques indignes d'une démocratie : vente d'une centrale nucléaire à l'Irak en 1980, ventes massives d'armes à l'Irak et à l'Iran lors de la guerre qui les a opposés entre 1980 et 1989, soutien actif à l'acquisition de l'arme nucléaire par Israël (entre 1956 et 1967), vente de 175 Mirage à Kadhafi entre 1969 et 1974...
Bref, la France a, pendant toutes ces années, apporté une bien curieuse contribution à la paix, à la démocratie et aux Droits de l'Homme.

Sarkozy apparaît donc être le digne successeur des précédents locataires de l'Elysée. La différence, et l'on peut au moins lui reconnaître ce mérite, c'est qu'il assume et revendique ouvertement le cynisme de cette diplomatie.

Fred


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