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Maladresse

Publié le 15 décembre 2010 par Malesherbes

Un article de La Montagne du 9 décembre m’a appris que des facteurs se déplaçaient avec cinq carnets de timbres, afin de dépanner des usagers isolés ou sans bureau de poste à proximité. Pour éviter à ces agents de faire l’avance correspondante, ils ne règlent la somme due qu’une fois les carnets épuisés.

Christian, un facteur de La Souterraine, emporté par une maladie foudroyante, est mort en restant, suite à cette pratique, redevable d’une somme de peut-être vingt-neuf francs. J’écris ce nombre en lettres pour bien vous faire saisir l’énormité d’un tel montant, surtout si on le rapproche du coût de certaines ballades ministérielles ou même d’une récente promenade auvergnate en Airbus A330 de notre cher (en effet) Président.

Les collègues de ce malheureux facteur ont alors organisé une collecte et en ont remis le produit à leur Direction. Celle-ci a acheté une plaque funéraire et s’est trouvée avec un reliquat. A mon sens fortement timbrée, elle a utilisé ce reliquat pour régler la dette abyssale du pauvre défunt. Avertis de la chose, les postiers ont obtenu la restitution de cette somme à la famille. Le service communication de La Poste a fini par reconnaître une décision malheureuse, allant jusqu’à parler de maladresse. Maladroits, va !

Je ne sais comment a été effectuée cette collecte mais mon expérience professionnelle m’a montré que l’on procédait d’ordinaire en faisant circuler une enveloppe. A la différence d’autres mouvements d’argent, celui-ci ne donne lieu à aucune écriture comptable. L’intégrité du contenu de l’enveloppe n’est donc garantie que par l’honnêteté des détenteurs successifs de l’enveloppe. J’ai la faiblesse de croire que, dans le petit personnel, elle est totale. A La Souterraine, elle a été selon toute évidence défaillante à un niveau plus élevé.

En fait, la morale étant une notion absente chez de nombreuses personnes, on ne parvient à obtenir le respect d’une règle qu’en instituant un mécanisme de sanction et surtout en le mettant en œuvre, pas vrai Brice ? Mais ici, devant une enveloppe sans défense, où est le risque ? Comme a dit un jour notre noble première dame : « pas vu, pas pris ! ». La direction de La Poste de La Souterraine n’a pas pris « une décision malheureuse ». L’argent de cette collecte appartenait à la famille du défunt. La Direction a commis un vol, d’autant plus criminel qu’il était assuré de l’impunité.

Voler un mort, ce n’est pas maladroit, c’est ignoble et se montrer dépourvu de toute humanité.


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