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«C’est pas un fast-food ici» dixit l’oncologue !

Publié le 17 décembre 2010 par Suzanneb

Rester en vie ! 

En santé comme en d'autres domaines:
Nos représentants élus DEVRAIENT NOUS PROTÉGER contre l'appétit des industriels... mais ils préfèrent se remplir les poches !

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17

2010

Par suzanne

Mercredi j’avais rendez-vous pour un nième traitement de chimio. Une série parmi d’autres. La routine. Je me présente à l’heure prévue.

10:00h bureau d’enregistrement, clique-clique, 10:20h prélèvements.

Je jase avec l’infirmière et lui explique que j’aurais aimé faire doser ma vitamine D. Évidemment, je me doute qu’elle ne peut pas ajouter de test à ceux qui sont prescrits par le médecin, sans que je ne l’ai d’abord vu. Ce qui doit arriver après les prélèvements. Pas grave me dit l’infirmière, lorsqu’on vous installera la chimio, on fera le prélèvement en même temps. «Génial !» me suis-je dit.

Pourquoi est-ce que je voulais faire doser ma vitamine D ?

Si vous avez suivi un peu mes derniers articles et les récentes actualités de la santé, vous avez appris que Santé-Canada a modifié ses recommandations à propos de cette vitamine. Maintenant ce n’est plus 2000 unités mais bien 4000 (le double!) qu’un individu peut prendre au maximum sur une base quotidienne. Ils n’ont pas vu ça dans une boule de cristal il me semble.

Comme je l’expliquais dans un précédent article, j’ai été inondée d’informations et de documents à ce propos récemment et ma foi, je dois avouer que je n’ai pas beaucoup eu le temps de me consacrer à leur lecture. J’ai retenu cependant que d’autres spécialistes affirment qu’il n’y a pas de danger à en consommer jusqu’à 10 000 unités par jour. Et c’est sans parler des nombreuses vertus qu’on lui attribue. Mais moi, n’était pas spécialiste, je ne prends rien pour acquis. Je veux juste expérimenter.

Je poursuis avec la suite des évènements.

12:15h j’entre dans le bureau du docteur X. Deux heures de retard. (J’aurai finalement une place pour mon traitement à 2:15h et je sortirai à 3:45h)

Bon, je ne  vais à l’hôpital qu’une fois par mois, dieu merci. Y’a des choses pires que ça dans la vie. Ce s’ra pas la première fois que je sors de là en fin de journée.

J’entre dans son bureau donc, accompagnée d’une amie (je ne me présente plus jamais toute seule dans un bureau de médecin, j’ai toujours un témoin, c’est fou ce qu’on entend entre ces murs virginaux)… et je m’assois.

Comment allez-vous? … ça va bien… l’habituel échange rapide.

Jusque là tout va bien, mais c’est avant que je prononce la phrase suivante:

Moi:J’aimerais docteur que vous dosiez ma vitamine D svp.

Changement profond dans l’attitude, le comportement, le ton, le docteur se transforme. Je sens une frustration, une attitude défensive, et j’en ai la certitude lorsqu’il me lance d’un ton sec:

Dr X:Pourquoi vous voulez savoir ça ? on n’a pas besoin de ça. On fait jamais ça ici. C’est pas un fast-food ici!

J’ai même pas le temps de dire un mot qu’il recommence…

Dr X:Pourquoi vous voulez savoir ça ?

Moi: - Laissez faire, j’vais m’arranger autrement!

Je croyais que ce serait suffisant, on passe à un autre appel. Mais c’était sans compter sur son acharnement. Il recommence:

Dr X: - Pourquoi vous voulez savoir ? Qu’est-ce que ça va vous donner ? pensez—vous que ça va vous guérir ?

(Ouch !) Tsé la publicité où tu vois les gens qui tombent sur le dos, assis sur leur chaise, à l’annonce d’un cancer… bin c’est ça.

Comme un robot je réplique:

Moi:Pourquoi ? bin ça doit être pour vous faire perdre votre temps docteur.

Tu es tellement surprise d’entendre ça que t’arrives même pas à trouver la barre à clou au fond de ta sacoche pour y’en cr… un coup en arrière de la tête. Profitant de cet instant de flou il recommence:

Dr X:Non non… dites-le, pourquoi vous voulez savoir ? On va en jaser.

Pis moi, pas plus intelligente, pas assez vite pour deviner qu’il fait juste semblant d’être ouvert, je tente une réponse. J’ai pas le temps de dire une phrase qu’il me coupe la parole et part dans une explication qui se veut obscure à souhait, à propos des seuls cas (selon sa bible) où il est nécessaire de doser la vitamine D.

En dehors de ça niet ! perte de temps ! Évidemment, il ne risque jamais d’entendre parler des bienfaits d’un produit qu’on peut se procurer à bas prix et qui ne représente aucun intérêt pour ses maîtres.

Il ne faut pas s’interposer entre l’autorité suprême et les détenteurs du grand livre de la vie:  l’industrie pharmaceutique. «Hors de l’Église, point de salut» doit penser le bon docteur.

Pourtant, après m’avoir tâté l’abdomen un bon 15 secondes, il décida de demander le test, bien qu’il était clair que c’était inutile pour lui.

Je trouve ça bien étrange une telle frustration. Est-ce pour des raisons de budget ?

Pourtant, le mois dernier, c’est lui-même, ce médecin, qui voulait m’envoyer passer un Taco, «ça fait longtemps que vous n’en avez pas passé». (plus de 2 ans en fait)

Je lui ai dit (comme chaque fois qu’un oncologue me le propose) que, après en avoir discuté avec un oncologue de son équipe, j’ai appris que ces examens ne servent pas du tout à me soigner de manière plus efficace. «les médecins aiment ça savoir».

Savoir la largeur, la hauteur, au milimètre près, de toutes ces tumeurs. Où sont-elles placées, combien y en a-t-il.. et quand il y en a trop, ils écrivent: «de nombreux autres foyers tumoraux… » Réjouissant.

Après ça, chaque fois que tu sens une petite douleur à l’endroit indiqué sur leurs maudites images, bin tu penses qu’une tumeur grossit, que tu vas mourir… tic tac, tic tac… Eh merde ! Si c’est juste parce que vous aimez ça, j’trouve pas que ce soit une raison suffisante pour gaspiller l’argent des contribuables. Y’a tellement de monde sur les listes d’attente pour des examens; des examens qui permettront de poser un diagnostic, et sauver des vies.

Ça c’est du gaspillage. Un prélèvement sanguin pour un dosage de vitamine D ça coûte combien ? et un taco ? sans parler des produits et des ondes auxquels notre corps est exposé. J’suis loin d’être convaincue que toute cette belle technologie est sans danger. Et c’est pas parce que j’ai un cancer métastasique que ça permet à qui que ce soit de me dire que ça n’a pas d’importance, «vu que je dois mourir bientôt». Ouais, mais je suis en pleine forme et le ciel peut attendre; j’vais pas me soumettre à des trucs dans lesquels j’ai aucune confiance et refiler la note à la société en plus. C’est contre tous mes principes.

Non, trop c’est trop. Y’a  des coups de pieds au cul qui sont mérités. Celui-là aura le sien.

En tout cas, mon sentiment c’est que le bonhomme devrait se recycler et aller vendre des souliers kekepart dans un YellowShoes. C’est pas sa place en oncologie. On ne va pas dire à un patient qui sait qu’il va mourir… «Pensez-vous que ça va vous guérir ?»

Le patient reçoit ça comme si c’était: « Fais-toi pas d’illusion tu vas crever

On ne leur demande pas de nous donner de faux espoirs, on leur demande de pas éteindre notre bougie, tant que la flamme est allumée maudite marde ! c’est trop demander à des oncologues qui gagnent entre 200 et 500 000 $ par année ?

Si c’est juste pour nous enterrer que vous travaillez, les croque-morts font ça pour bin moins cher faque… dépêchez-vous de comprendre votre rôle, ça presse.

Malgré tout, il ne faut pas oublier les vrais professionnels, ceux qui sauvent la face des autres.

C’est bin plate d’être obligée de se plaindre des médecins sur un blogue, quand on sait qu’on retournera les voir, qu’on n’a pas le choix, et quand on sait qu’on leur fait de la place, alors qu’il y en a d’autres bien meilleurs, qui mériteraient qu’on leur dédie un chapitre complet.

Parce que, il en reste (dieu merci) qui comprennent leur rôle, qui exercent avec coeur et compétence, à parts égales, sans que leurs patients meurent plus vite, bien au contraire.

Oui, il y en a qui écoutent (trop rares cependant), et qui comprennent que c’est le patient qui décide pour son corps, pour sa vie. Ils peuvent sentir la vulnérabilité de l’autre, ce sont des humains complets.

À ceux-là je lève encore mon chapeau. À commencer par le Dr. Félix Couture que je n’ai pas vu depuis juillet… un homme occupé. Il se promène entre plusieurs centres hospitaliers pour offrir ses bons soins à des patients qui, malgré cette cruelle maladie, ont au moins la chance d’être soignés par un médecin passionné par son art et attentif aux autres.

Il y en a d’autres, j’en ai nommé quelques-uns dans mon premier témoignage sur le blogue. Je les remercie chacun personnellement d’être là. Sans eux je crois bien que Monsieur Gilet serait un peu plus riche.

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